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Nouvelle approche de l'algorithmique en Seconde chez Hatier

Unread postPosted: 13 Aug 2013, 15:02
by critor
A la rentrée 2009 débutait pour l'Education Nationale française une grande aventure avec l'introduction ambitieuse de l'algorithmique au programme de Mathématiques transitoire de Seconde.
Depuis, les premières questions d'algorithmique sont donc tombées au BAC à partir de la session 2012 pour la série S, avant de se généraliser aux séries ES, L, STL et STI2D à la session 2013. Notons donc bien que ce n'est absolument pas une notion réservée aux seuls scientifiques, bien loin de là.
Et les programmes de l'enseignement supérieur (BTS, classes prépa) viennent d'être mis à jour afin que cet apprentissage puisse se poursuivre.

Je n'ai pas la prétention de livrer ici un témoignage représentatif puisqu'il faudrait des statistiques nationales, mais en pratique quelque soit la classe, l'algorithmique semble faire l'objet d'un rejet de la part d'une petite portion d'élèves. Oublions les considérations sur le niveau des élèves, cela n'ayant rien à voir, puisque quand on leur donne des équations tous les élèves tentent de les résoudre malgré la difficulté pouvant être supérieure, certes bien ou mal mais ils tentent. Mais quand on leur donne de l'algorithmique, une partie plus ou moins importante des élèves ne répondent tout simplement pas à la question, à se demander si ils l'ont seulement lue/cherchée et n'ont pas sauté directement à la question suivante. Et cette observation est partagée par nombre de collègues.
Cette part d'élèves est-elle importante? C'est très variable selon les classes et les séries. Mais même minoritaire, nous nous devons de viser la réussite de 100% des élèves et de ne laisser personne sur le bord du chemin.

Donc, pourquoi? Pourquoi ce rejet de cette notion de plus en plus essentielle dans le monde d'aujourd'hui et de demain?




Considérons le premier sommet du triangle avec l'enseignant. Peut-être est-ce de sa faute?
Certes, l'algorithmique au lycée est encore jeune, et nombre d'enseignants n'ont jamais été formés pour cela.
Mais si certains enseignants faisaient les choses si mal que ça, ce constat ne serait pas commun à nombre de collègues de toutes origines.
Non pas que je prétende qu'il n'y ait rien à améliorer, mais le problème me semble avoir des racines bien plus profondes.



Occupons-nous maintenant de l'élève. Pourquoi ce refus paradoxal de commencer à comprendre les bases de ce qui se cache derrière les plate-formes mobiles qu'il utilise au quotidien si assidument?
Des témoignages recueillis hors du cadre scolaire apporteraient un début d'explication.

Selon les élèves concernés, l'algorithmique ne relèverait pas des mathématiques mais de l'informatique. Ce cloisonnement est bien évidemment faux d'une part et d'autre part injustifié au moment où l'on exige de plus en plus la polyvalence des enseignants, mais voilà: l'algorithmique serait donc en opposition avec la vision qu'on leur donne (ou qu'ils se font?) des mathématiques.

Est-ce donc que l'enseignant de mathématiques serait, selon l'élève, incompétent en informatique? Ou qu'il n'aurait tout simplement pas à en parler?

On peut aussi se demander si ce ne sont pas les métiers de l'informatique qui ont mauvaise image auprès de ces jeunes, et sans doute qu'un partenariat avec des écoles supérieures ou entreprises pourrait alors leur apporter une réponse.

Mais il n'est pas impossible de faire changer les choses à priori: statistiques et probabilités ont également eu une mauvaise image "non mathématique" en leur temps, qui heureusement finit enfin par s'estomper après des décennies de présence dans les programmes.



Regardons maintenant les livres scolaires et leur adéquation au programme.
Le programme de mathématiques du lycée institue l'algorithmique en tant que thème transversal. Il ne doit pas faire l'objet d'un cours spécifique et doit au contraire être appliqué dans tous les chapitres de mathématiques.

Il se trouve tout simplement que nombre de livres de mathématiques, introduisent et appliquent l'algorithmique de façon non conforme à ce programme.
On trouve en effet chez la plupart des éditeurs les défauts suivants:
  • parmi la petite centaine d'exercices proposés dans chaque chapitre, quelques petits exercices isolés se comptant sur une seule main, et concentrés entièrement à l'algorithmique. En l'absence donc d'introduction ou utilisation dans le contexte d'une activité ou d'un problème, on renforce donc l'image d'une notion distincte au détriment de sa complémentarité ou utilité.
  • un à trois chapitres d'algorithmique. Ils peuvent prendre la forme d'un pseudo-chapitre en début ou fin de livre, ou encore de trois chapitres pour les trois grandes parties du programme (fonctions, géométrie, statistiques et probabilités). Ces chapitres permettent en effet d'introduire des exercices plus intéressants que ceux du point précédent. Ils auraient été bienvenus dans le manuel de l'enseignant à qui il appartient de faire le tri. Mais ils n'ont, selon le programme, rien à faire sous cette forme dans le manuel élève, renforçant là encore l'image d'un thème à part.
  • une forme d'écriture des algorithmes parfois trop calquée sur un langage de programmation que l'on aurait traduit en français
  • une forme d'écriture des algorithmes variable d'un livre à l'autre et parfois même dans le même livre - ce qui devrait être corrigé dans les prochaines éditions maintenant que l'on a eu des algorithmes aux sessions 2012 et 2013 du BAC
Certes, on peut encore parler d'un défaut de jeunesse pour ces manuels. Et les enseignants se basant sur les manuels reproduisent donc ces défauts. Quant à ceux qui ne les utilisent pas, les élèves constateront une contradiction avec le livre.



Au final, tous les sommets du triangle didactique ont leur part de responsabilité. Il faudrait donc changer la vision de l'algorithmique par les élèves et cela passe par la réalisation de livres et de cours cohérents avec l'esprit du programme.

Il convient donc de signaler l'initiative toute récente de la collection Odyssée chez l'éditeur Hatier qui, sans doute consciente des problèmes précédents, tente d'apporter sa réponse pour cette rentrée 2013.

La collection sort en effet un cahier d'activités algorithmiques pour les classes de Seconde. Vous y trouverez, des activités et problèmes faisant un usage raisonné de l'algorithmique pour l'ensemble des chapitres du programme, statistiques et géométrie comprises! :bj:
L'écriture des algorithmes y est soignée, correctement indentée pour en faciliter la compréhension, et homogène. Chaque activité ou problème annonce clairement les notions et compétences algorithmiques travaillées. Les langages de programmation travaillés en parallèle de ces algorithmes sont nombreux et variés: Python, SciLab, calculatrices TI-82/83/84, calculatrices Casio Graph, et même de façon anecdotique TI-Nspire et Casio ClassPad.
2813 2814 2815 2816 2817


Le coût de ce petit trésor? Seulement 4,50€.

De quoi aider certainement l'enseignant à repartir sur de bonnes bases dès la Seconde et espérer réussir cette fois-ci à former les bases algorithmiques chez 100% des élèves!
Espérons que cette initiative sera couronnée de succès, et que les cahiers d'activités pour les Premières et Terminales feront suite!

Les témoignages d'enseignants, lycéens et même anciens lycéens sont les bienvenus ci-dessous - j'aurai plaisir à en prendre connaissance, à y répondre et à débattre.

Re: Nouvelle approche de l'algorithmique en Seconde chez Hat

Unread postPosted: 13 Aug 2013, 15:25
by Lionel Debroux
On peut aussi se demander si ce n'est pas les métiers de l'informatique qui ont mauvaise image auprès de ces jeunes, et sans doute qu'un partenariat avec des écoles supérieures ou entreprises pourrait alors leur apporter une réponse.

Tous les métiers scientifiques tendent à avoir mauvaise presse auprès des jeunes depuis un certain nombre d'années déjà, et je pense qu'une des principales raisons en est la faible valorisation salariale de ces métiers pourtant indispensables à d'autres métiers autrement plus valorisés (marketing, management, droit, etc.).
S'il est vrai que montrer qu'un sous-ensemble (finalement assez limité) de ce qu'on apprend à l'école peut servir à quelque chose dans le monde réel de l'entreprise (méconnu de la plupart des enseignants) et dans la vie réelle est réellement utile et que ça vaut le coup de l'apprendre, pas toutes les entreprises ne peuvent donner une bonne image des métiers scientifiques.
Certains n'aiment pas apprendre tant qu'ils ne savent pas à quoi ça sert. Bien sûr, il y en a qui se foutent totalement de tout ce qu'on peut leur apprendre, mais ceux-là sont plus difficiles à gérer.

Présenter l'algorithmique différemment n'est bien entendu pas une mauvaise chose en soi, mais tant que les métiers scientifiques ne seront pas mieux valorisés (et malheureusement, je ne vois pas un changement arriver...), je ne suis pas sûr que ça améliore réellement les choses.

Re: Nouvelle approche de l'algorithmique en Seconde chez Hat

Unread postPosted: 13 Aug 2013, 16:02
by maestroarte
Au risque de faire crier 99% de la communauté de TI Planet (qui programme) (je programme moi même en ti basic, enfin, je programmAIS ) je ne pense pas que l'algorithmique soit si importante que ça dans le monde " de demain ... " . On est pas encore dans star wars.

C'est nécessaire pour des métiers comme informaticien (ah bon?) et dérivés, mais c'est pas encore quelque chose de prépondérant dans la vie de monsieur toutlemonde.

J'aime l'algorithmique, ça permet de comprendre certains principe, c'est assez cool si après on veut mettre un algo sur calculette, travailler pour le perfectionner ect... mais dans le monde " des adultes ", je ne pense pas que ce soit si important que ça. Si plus tard je veux faire un logiciel très précis en C++, aulieu de perdre des dizaines/centaines d'heures rien que pour apprendre le langage, je paie un informaticien (ils sont là pour ça...) et il fait le boulot.

Dans les métiers concernant les nouvelles technologies (surtout l'électronique) c'est obligatoire, mais cette branche est, et de loin, non prépondérante :P (c'est le commercial qui parle).
Les ingénieurs peuvent en avoir une approche, mais encore, ingénieur architecte, ça ne sert pas des masses... (l'algorithmique, pas l'ingé), ni ingénieur du son, ingénieur hydraulique, bref.

Mais c'est aussi normal qu'on ait un peu un avant gout de ce que c'est, car il faut être en adéquation avec les évolutions actuelles (notamment le progrès informatique, dans un monde ou elle joue un rôle prépondérant).
Mais bon, il faut pas non plus exagerer, la majorité des lycéens ont d'autres chats à fouetter que l'algorithmique :P (dont moi, sauf pour antisèches ^^')

PS - 1: En prépa ECS on a 2h/semaine d'algo en turbo Pascal. Et généralement au concours bac+2, si vous avez ne serait-ce qu'une sous-question traitant d'un algo en pascal vous êtes content.. parfois ils ne mettent absolument rien, et tu te demande si tu as bien perdu plus de 100h pour un truc inutile au concours. Mais bon, ce sont généralement des points gagnés facilement.

PS - 2: Je vois plus l'algo au lycée ( et en prépa commerce) comme des points easy à obtenir... alors autant qu'ils nous fassent colorier des dessins (sans déborder hein), c'est parfois plus difficile qu'il n'y parait :P (si ils veulent faire des exos faciles ...) ou alors des énigmes :)

PS - 3: La thèse de l'algo qui arrive juste pour les points easy peut être bien défendue, car vous savez parfaitement qu'on est dans une optique de réduction des programmes et suppressions des difficultés pour atteindre le seuil de 100% au bac :P Les exigences du programme au beaucoup beaucoup diminuées en 10 ans... (je fais actuellement des exos de 2002 en math, c'est pas le même truc quoi...faut réflechir un minimum...)

PS - 4: " les métiers de l'informatique qui ont mauvaise image auprès de ces jeunes" Je crois pas, on est la géneration geek, on vit depuis notre enfance avec pleins d'objets electroniques, des ordis, des phones, des tablettes, ect... je crois que ces métiers attirent pas mal [DANGER: CE QUI SUIT CONTIENT DE L'HUMOUR. SI VOUS ÊTES TROP SENSIBLE VEUILLEZ ARRÊTER DE LIRE SUR LE CHAMP ] ( " Kwa??? Etr péyé pour tapé sur des touch tout la gourné ??? C OU EPITA???? " ) :P

PS - 5: "Pourquoi ce refus paradoxal de commencer à comprendre les bases de ce qui se cache derrière les plate-formes mobiles qu'il utilise au quotidien si assidument?" Perso, ce raisonnement c'est choucroute ^^' tout simplement, ça ne m'intéresse pas, et (je parle pour les autres là, mais je devrais avoir raison) ça ne les intéresse pas... Certains se demandent ce qui se passe quand ils sont sur leur ordi, moi je me pose plutôt des questions sur les systèmes économiques à l'échelle mondiale (qui sont, juste, exponentiellement plus puissant que ce qui se passe derrière un ordi).
Chacun porte des intérêts différents aux différentes choses qui nous entourent ou nous englobent, et heureusement.
Je ne me sens pas pigeon par rapport à mon ordi, mais plutôt pigeon face à une dizaine de personnes qui peuvent bouleverser les équilibres socio-économiques avec quelques décisions (flambée du prix des denrées en afrique, flambée non justifiée, la production était là, ce n'était que de la spéculation ---> famine en afrique --> mort de milliers de personnes) ...

PS - 6: Je réponds à critor: les gens ne sont pas intéressés et c'est normal, il faut pas croire que c'est anormal de pas s'intéresser à l'algorithmique, ou, plus généralement, au monde informatique. Chacun son domaine, et les abricots seront bien gardés. :)

PS - 7: Juste pour faire un PS-7 :)

Re: Nouvelle approche de l'algorithmique en Seconde chez Hat

Unread postPosted: 13 Aug 2013, 16:07
by Lionel Debroux
je crois que ces métiers attirent pas mal [DANGER: CE QUI SUIT CONTIENT DE L'HUMOUR. SI VOUS ÊTES TROP SENSIBLE VEUILLEZ ARRÊTER DE LIRE SUR LE CHAMP ] ( " Kwa??? Etr péyé pour tapé sur des touch tout la gourné ??? C OU EPITA???? " ) :P

A ce sujet, certaines filières dans l'immédiat post-bac souffrent d'étudiants qui n'ont pas compris qu'en fac d'informatique, on ne joue pas - on apprend les bases qui permettront peut-être un jour, pour une petite minorité, de faire des jeux dans son travail.
Cet état de fait est à la fois de leur propre faute, mais aussi un exemple de l'échec complet de l'orientation en France...

Re: Nouvelle approche de l'algorithmique en Seconde chez Hat

Unread postPosted: 13 Aug 2013, 16:12
by maestroarte
haha le C++ c'est légèrement différent de COD en effet ! Après y'a aussi des étudiants vraiment très intéressés par l'algorithmique, que ce soit en fac, au lycée, et même au collège (je connaissais des potes qui essayait d'apprendre des choses sur le SDZ, comme créer leur propre site)

et puis, quel apprenti informaticien n'a jamais rêvé d'un destin à la Jobs ou à la Gates :P révolutionner le monde de demain ^^"

Re: Nouvelle approche de l'algorithmique en Seconde chez Hat

Unread postPosted: 13 Aug 2013, 16:24
by critor
Merci pour ta contribution maestroarte.

Que ce soit normal n'empêche pas qu'il y ait des raisons derrière. Et dans l'état actuel du programme, nous nous devons donc tous de combattre cette 'normalité'.

Si je puis me permettre de retourner ton propre raisonnement contre toi, tu peux m'expliquer que les équations seront tout aussi (in)utiles que l'algorithmique à monsieur-tout-le-monde.

Et pourtant, ces lycéens acceptent de résoudre (bien ou mal) des questions sur des équations, questions parfois plus difficiles que celles sur les algorithmes auxquelles ils ne répondent pas.

N'y vois-tu pas un paradoxe?


Lionel Debroux wrote:A ce sujet, certaines filières dans l'immédiat post-bac souffrent d'étudiants qui n'ont pas compris qu'en fac d'informatique, on ne joue pas - on apprend les bases qui permettront peut-être un jour, pour une petite minorité, de faire des jeux dans son travail.
Cet état de fait est à la fois de leur propre faute, mais aussi un exemple de l'échec complet de l'orientation en France...


Mon professeur d'informatique de BAC+1 en 1997 avait introduit son cours en sondant les connaissances de chacun avant de sortir "les jeux c'est bien, mais c'est encore mieux de les faire".
En 2001, il jugeait mon projet Java de fin d'études: jeu 3D en réseau où tout avait été fait de A à Z puisque n'utilisant pas de bibliothèque externe/tierce.
Pour moi, le discours a marché.

Re: Nouvelle approche de l'algorithmique en Seconde chez Hat

Unread postPosted: 13 Aug 2013, 17:06
by maestroarte
C'est vrai que les équations, à part les ingénieurs et les chercheurs ( et tout autre métier à vocation très scientifique) et les informaticiens, on ne les utilise plus, par la suite.

Mais peut-être les lycéen vouent plus d'intérêt aux équations car ils savent que si ils continuent leurs études dans une voie scientifique il y aura très probablement des math (université, prépa math, prépa commerce, prepa physique, école ingé post bac, école commerce post bac (finance) ), alors qu'ils pensent que l'algorithmique c'est plutôt destiné aux élèves qui veulent poursuivre des études dans l'informatique (ce qui est logique dans un sens). (et donc séparent math/algo , d'ailleurs ce sont "quasiment" deux matières à part en prépa ECS, y'a cours de math, et cours d'algo).

Mais après, y'a des personnes qui iront en fac de médecine et qui sont plus " motivées " à résoudre des équations qu'à faire de l'algorithmique, bien que, dans les deux cas, ils ne les utilisent plus, par la suite.

Peut-être car, pour les équations, c'est hyper méthodologique, on a des exemples de résolutions, et si on agit avec méthode et discernement, même si l'on n'est pas bon en math, on peut parvenir à un résultat. En algo, il faut plus réflechir (je réflechis plus pour ma part en faisant un algo qu'en résolvant une équation du 2nd degré), il faut faire attention aux variables, aux boucles, à ce que l'on veut obtenir, à la façon d'optimiser le code, c'est pas évident. La plupart des algo "hyper basiques" sont corrigés dans les bouquins, mais dès qu'on arrive sur un algo spécifique à un exercice, ça peut surprendre, et il faut vraiment essayer de comprendre comment ça fonctionne... perso, je vérifie toujours en le traduisant en ti basic et vérifiant ce qu'il me donne comme résultats...

Critor, si les gens peuvent s'épargner d'utiliser leurs neurones et réflechir, ils en profitent. :) ils sont, je crois, plus aisés avec une équation basique qu'avec un algo à construire... et puis, géneralement l'équation à résoudre est obligatoire pour répondre à d'autres questions, alors que l'algo c'est souvent une question isolée. De toute façon c'est bien dommage, car on ne leur demande pas des connaissances d'informaticiens, c'est vraiment hyper basique à la portée de tout le monde, et des points facilement récoltés aux controles.

A part donner une dimension définitivement supérieur à l'algorithmique, dans les programmes, je vois pas comment faire pour que tous les lycéens prennent 2min à comprendre comment se fait un algo ultra basique :p

Re: Nouvelle approche de l'algorithmique en Seconde chez Hat

Unread postPosted: 13 Aug 2013, 19:15
by Laurae
Expérience personnelle - celle de l'année 2012-2013 bac S spé maths (applicable aussi à l'année 2011-2012 je crois, ça fait un peu longtemps - de 50h à 100h de cours selon les cas, toujours en groupe de 2 à 4 personnes)

Les lycéens que j'ai eu ont de base mis à la poubelle tout ce qui est relatif aux algorithmes. Leurs niveaux n'étaient pas des étoiles filantes (ils avaient environ 8 de moyenne en maths en 1ère et au 1er trimestre de Term), mais ils avaient pourtant la capacité à comprendre les algorithmes UNIQUEMENT SI tout est expliqué MOT PAR MOT, i.e. REPRENDRE PAR LE DEBUT. En effet, sachant qu'ils n'ont aucune expérience extérieure en programmation, il leur faut montrer ce qu'on peut faire en maths avec des programmes sur calculatrice. Et là y a un problème : "les algos c'est de la progra c'est pas des maths donc ça a rien à faire là". Certes ok, mais si c'est bien maitrisé c'est des points cadeaux. Deuxième problème : "je préfère miser sur le reste". Sauf que ce n'est pas en débutant avec moins de 20 comme note maximale qu'on peut avoir la moyenne, cela réduit même le tuyau pour avoir le bac.

Passons pédagogie. Je montre d'abord un truc très simple : je leur demande de résoudre trois équations du second degré : 1 avec ∆>0, 1 avec ∆=0, et 1 avec ∆<0. Pas de problème sur ce point là. Maintenant, je les guide pour faire un algorithme sur calculatrice (Casio) permettant de résoudre une équation du second degré selon ∆. Et là, point noir, il faut les guider. D'abord prendre une feuille, et écrire en plein milieu de celle-ci. En va en mode reverse-engineering : d'abord les solutions, puis selon ∆, puis le calcul de ∆, et enfin les variables. Cours fini, retour une prochaine fois.

Deuxième cours (ou quelques heures plus tard), retour sur cet algorithme de résolution d'équations du second degré. Je les guide pour qu'ils programment cet algorithme sur leur calculatrice. OK. Etape suivante. Je leur enlève la feuille où y a l'algorithme écrit sur papier, et je leur demande d'écrire l'algorithme. Nouveau problème : la barrière du langage, cette fois dans le sens calculatrice->algorithme. Guidage pas à pas. On poursuit. Cette fois, on refait exactement la même chose, sauf que c'est dans le sens algorithme->calculatrice (auparavant on a supprimé le programme dans la calculatrice). Là, aucun problème, ils refont le programme nickel. Encore nouvelle étape. Je leur supprime le programme et je cache la feuille où y a l'algo papier, et je leur demande de rédiger l'algo. OK, ils y arrivent.

Cours suivant (ou quelques heures plus tard). Ils me montrent leurs bouquins de maths (je sais plus ce sont lesquels) et me montrent quelques algorithmes (y en a un de dichotomie !). Y en a un de dichotomie. COOL, on va le faire. Je leur demande d'écrire l'algorithme papier. Mode reverse-engineering encore, ils font le programme dans le sens inverse. Fonctionne pas, ils bloquent. Donc un exemple est fait, puis ils arrivent à faire l'algorithme. On passe de algorithme->calculatrice. OK. calculatrice->algorithme. OK encore. Je vire l'algo et la calculatrice. OK en prenant un exemple. Mais a-t-on un exemple au bac ? Possible, mais à tout les coups.

Quatrième cours (ou quelques heures plus tard). Mini-concours de programmation (hein, c'est fait pour motiver vu qu'on est en groupe non ?). L'algorithme à faire est celui du second degré, puis de dichotomie, et enfin de résoudre un système linéaire de deux équations en fonction de plusieurs variables. Second degré, OK, SANS BROUILLON. Dichotomie, OK, SANS BROUILLON. Système, OK, mais AVEC BROUILLON. Ils n'ont pas la science infuse comme certains d'entre nous, mais ils y arrivent dés lors qu'une approche "numérique" et écrite sur brouillon est possible. (sur les 2 groupes que j'ai eu en 2012/2013, le plus rapide avait mis environ 1h30, pas trop mal quand on dit "on en a rien à en faire"). Next.

Cinquième cours (ou quelques heures plus tard), travail Excel. Je leur montre différents algorithmes papier transposés en Excel. Apparemment ils aiment pas Excel, mais ils comprennent quand je fais (par contre ils sont pas capable de faire eux mêmes). Vu qu'ils comprennent ce que je fais, exo direct : transcrire ce qui a été fait sous Excel en algorithme. Sachant qu'ils ont vu toutes les étapes que j'ai fait, ils arrivent à retrouver l'algorithme (bon, ils demandent un peu de vocabulaire quand même). On passe en diabolique : je fais tout un algorithme dans une seule cellule du tableur Excel. Pourtant, OK ils y arrivent. Pourquoi ? PARCE QU'ILS ONT REUSSI A IDENTIFIER LES ETAPES en reverse-engineering. Ils ont pris les étapes "du milieu" et ont fait le chemin inverse. Et ce grâce à l'exemple où y a les cellules de démo. Sinon ils auraient pas pu.

Sixième cours (ou encore quelques heures après...). Annales de BAC sur les algos simples. Comme je le pensais, ils ont encore fait du reverse engineering. Pas trop mal, ils arrivent à faire les questions spécifiques aux algos. On passe aux annales de BAC où c'est "compliqué (voire impossible)" de faire un reverse-engineering. Pourtant, ils y arrivent, mais cette fois avec DU PAPIER ET DES FEUILLES OU ILS ECRIVENT DES EXEMPLES. Apparemment, ils arrivent aussi à mettre l'algo dans leurs calculatrices (après leur avoir montrés certaines fonctions "exotiques").

Temps estimé : environ 20 heures. Le reste du temps, c'est des "maths". Aucun n'a eu en-dessous de 18/20 au bac en maths.
En fait, une fois assimilé, c'est difficile d'oublier les algorithmes vu que en "maths" je leur montre ce qu'on peut faire comme programmes avec les exos. Les mini parties algos des bouquins ont servi à rien, ils ont compris plus facilement ce que je leur expliquais pendant 20 heures que de lire les bouquins et a essayer de comprendre (allez expliquer l'algo de Bellman a quelqu'un qui connait rien aux graphes, c'est sûrement désagréable ça - je dis pas que c'était dans les bouquins, mais faire comprendre quelque chose incompréhensible pour un néophyte ça l'ait entièrement).

Re: Nouvelle approche de l'algorithmique en Seconde chez Hat

Unread postPosted: 13 Aug 2013, 19:39
by Levak
maestroarte wrote:[DANGER: CE QUI SUIT CONTIENT DE L'HUMOUR. SI VOUS ÊTES TROP SENSIBLE VEUILLEZ ARRÊTER DE LIRE SUR LE CHAMP ] ( " Kwa??? Etr péyé pour tapé sur des touch tout la gourné ??? C OU EPITA???? " ) :P

Tu peux virer le spoiler, puisque c'est la vérité. Bien entendu, une bonne grosse partie se fait jarter en 1ere année.
Mais bon, visiblement, EPITA a aussi tendance à rabaisser le niveau de prepa pour faire plaisir aux parents d'élèves qui ne comprennent pas pourquoi leur gosse a de mauvais résultats, surtout depuis qu'ils se font moins filtrer avec le nouveau concours commun "ADVANCE".
Enfin bon, le filtre le plus efficace reste celui d'ingé, je pense que les co-admins comprendront de quoi je parle, notamment par le fait que c'est du h24 projets sur projets pendant toute l'année sans vacances : mais c'est pas désagréable.

Re: Nouvelle approche de l'algorithmique en Seconde chez Hat

Unread postPosted: 13 Aug 2013, 20:03
by Adriweb
Levak wrote:Enfin bon, le filtre le plus efficace reste celui d'ingé, je pense que les co-admins comprendront de quoi je parle, notamment par le fait que c'est du h24 projets sur projets pendant toute l'année sans vacances : mais c'est pas désagréable.

Je confirme...