Programme Maths 2nde: fin de la programmation calculatrices
Posted: 06 May 2017, 16:22
Publiés ce jeudi au Bulletin Officiel, soit juste à temps avant les élections, les aménagements du programme de Mathématiques et de Physique Chimie en Seconde tenant compte de la réforme du collège.
Intéressons-nous au programme de Mathématiques. Il s'agit donc pour cette rentrée 2017 d'une modification de l'ancien programme de 2009.
La comparaison visuelle des deux textes semble montrer quelques petites modifications éparses pour une bonne partie du texte, puis pas mal de changements vers la fin.
En introduction, pas beaucoup de changements. Juste une reformulation de l'éventail des compétences tel que redéfinies dans le texte intermédiaire de novembre 2013.
Egalement, le programme n'est plus considéré comme articulé autour de 3 parties mais de 4.
C'est en fait l'algorithmique et programmation qui est désormais listée comme une vraie partie du programme, là où avant il s'agissait d'un thème transversal.
D'où le nouveau découpage :
1) Fonctions :
Nous avons d'une part quelques ajouts, puisque les thèmes en question ne sont plus abordés en collège :
D'autre part, le vocabulaire des fonctions (image, antécédents, etc...) n'est plus à introduire puisque déjà vu au collège.
Nous remarquons l'abandon de l'étude des fonctions homographiques.
Enfin, notons quelques idées d'activités en lien avec la Physique-Chimie :
2) Géométrie :
N'étant plus traitée au collège, nous voyons débarquer la tangente à un cercle.
Autre ajout mais cette fois-ci dans la continuité du collège, le repérage terrestre.
La translation n'est plus à introduire puisque désormais vue antérieurement au collège, avec les symétrie centrale et homothétie.
En conséquence c'est l'introduction du vecteur qui s'appuie maintenant obligatoirement sur ces notions.
Comme connexion avec la Physique-Chimie, nous nous voyons suggérer les forces.
3) Statistiques et probabilités :
Ici on peut désormais aller un petit peu plus loin niveau moyenne, en passant à la moyenne pondérée.
Inversement, même si l'on conserve l'intervalle de fluctuation, on perd l'intervalle de confiance - très probablement remis au futur programme de Première.
Nombre de reformulations concernent l'échantillonnage, mais comme il s'agissait d'une partie inédite lors de l'introduction du programme précédent ce n'est pas étonnant.
4) Algorithmique et programmation :
Et voilà, nous arrivons au gros morceau, car ici pas mal de choses changent.
Déjà, le mot 'calculatrice' disparaît complètement de cette partie. Il n'est plus question de faire programmer aux élèves un algorithme sur leur calculatrice.
Le choix du langage de programmation à faire pratiquer aux élèves n'est plus libre, devant être conforme à une nouvelle définition dont chaque mot ou presque semble avoir été pesé pour exclure les calculatrices programmables :
Le "largement répandu" me semble en effet exclure les calculatrices, bien que cela puisse être sujet à interprétation.
Mais dans ce dernier cas, le "pouvant fonctionner dans une diversité d’environnements" termine d'enfoncer le clou.
Mais voyons un petit peu dans les détails si c'est justifié.
Effectivement, nous avons deux ajouts dans les capacités à développer :
Donc effectivement, la plupart des calculatrices programmables, du moins les modèles d'entrée et milieu de gamme très majoritairement choisis par les lycéens français, ne conviennent plus.
D'une part, elles ne laissent pas choisir librement le type d'une variable. Et même aucune ne dispose d'un type dédié aux nombres entiers.
D'autre part, elles ne permettent pas d'écrire une fonction, c'est-à-dire un objet acceptant un ou plusieurs arguments et retournant un résultat, à l'aide d'un programme, car elles ne disposent pas d'un langage de programmation fonctionnel.
Plusieurs calculatrices haut de gamme pourraient certes convenir :
La communauté avait pourtant su être visionnaire, et montrer l'exemple en développant dès 2014 pour TI-Nspire des évaluateurs Python et Javascript.
Mais hélas, aucun des trois constructeurs historiques ne semble en avoir tenu compte en développant d'application similaire, et même pire le mode examen des TI-Nspire de façon totalement non construtive et même néfaste empêche leur utilisation en examen !
Ou toute l'aberration du mode examen français résumée en 1 phrase...
Lorsque le précédent programme introduisant l'algorithmique était sorti pour la rentrée 2009, divers solutions revenaient dans les diverses formations :
A moins que les constructeurs de calculatrices ne réagissent enfin d'ici la rentrée 2017, il va donc falloir faire sans calculatrice si l'on souhaite respecter le programme. Comment ?
La solution de la salle informatique n'est pas satisfaisante.
Elle implique d'être planifiée à l'avance, ce qui est totalement artificiel lors de la résolution de problème.
De plus les salles informatiques permettent rarement de faire une séance de cours normale, ce qui a pour effet pervers de devoir consacrer l'ensemble de la séance à des tâches numériques que l'on concentre artificiellement - il n'en sera pas retenu grand chose.
Sans compter que le déplacement exceptionnel a un autre effet pervers dans l'esprit des élèves, il leur indique que la résolution du problème du jour nécessite obligatoirement l'outil numérique. Ils vont donc chercher forcément une solution de ce style puisqu'on leur impose exceptionnellement un clavier devant eux, et tuer dans l'oeuf toute idée d'une solution papier/crayon pouvant pourtant être plus pertinente.
Non un outil TICE sur le coin de la table est bien plus pertinent.
L'outil TICE sur le coin de la table pourrait donc être la tablette tactile, distribuée aux élèves de Cinquième et Troisième de l'enseignement public pour cette année 2016-2017.
Mais aux dernières nouvelles, le taux d'équipement était très loin d'atteindre les 100%.
Sans compter que les éventuels redoublants de Seconde n'ont donc pas été équipés, ni d'ailleurs les élèves issus de collèges privés...
Peut-être le smartphone dont tous les élèves disposent pourra-t-il, au moins temporairement, palier à ce problème d'équipement.
Même si franchement, cela ne nous semble pas du tout être le meilleur outil pour saisir un programme.
Il restera quand même un problème essentiel : tablettes et smartphones ne sont pas autorisés aux examens.
Ne pas les utiliser et se contenter du papier/crayon, ce sera rendre l'apprentissage de l'algorithmique et de la programmation totalement théorique, abstrait, aussi rébarbatif que le calcul littéral ou la grammaire pour nombre d'élèves.
Alors que le plaisir de programmer, c'est de voir la machine exécuter correctement et rapidement le programme à la fin - tout comme une recette de cuisine n'a pas pour finalité de rester sur un papier.
Comme le papier ne sortira pas d'erreur de syntaxe, les règles d'écriture des algorithmes ou programmes ne seront pas davantage acceptées que les règles de grammaire ou de priorité des calculs.
Et inversement, utiliser les smartphones et tablettes non autorisés à l'examen, c'est amener l'élève à développer des méthodes de construction/vérification d'algorithmes qu'il ne pourra pas appliquer le jour de l'examen.
Au détriment par exemple du traçage papier de l'exécution d'un algorithme.
Un véritable dilemme auquel les enseignants ont maintenant moins de 3 mois pour répondre...
Répecter le texte officiel à la lettre, ou bien user de sa liberté pédagogique pour faire non pas ce qui est écrit, mais ce qui est dans l'intérêt de la réussite des élèves aux examens ?
Même si le texte officiel exclut un usage mutualisé de la calculatrice en classe car la plupart des modèles ne font pas de programmation fonctionnelle, rappelons aux personnes se sentant concernées par la question que les calculatrices n'en sont pas bien loin pour autant.
Le renvoi d'un résultat par un programme est possible sur la plupart des modèles - il suffit juste de bien s'assurer que la dernière ligne du programme est un calcul, dont la valeur sera alors retournée.
Quant aux arguments d'appel, on peut les simuler par des saisies immédiates en début de programme.
En l'absence d'autorisation des tablettes ou smartphones aux examens, un candidat sachant programmer cette sorte de pseudo-fonction sur sa calculatrice, sera bien mieux armé pour vérifier l'algorithme qu'il produit/modifie en réponse à la question, que celui qui ne l'a jamais appris et se contentera au mieux de vérifications mentales ou papier/crayon, ou même ne vérifiera pas du tout si il n'a jamais rien utilisé d'autre qu'un smartphone ou une tablette.
Dans tous les cas, c'est un nouveau coup de poignard bien profond à encaisser par la communauté des calculatrices.
Après le mode examen qui tue complètement l'intérêt de tout développement scolaire communautaire, quitte à ne pas respecter l'égalité entre candidats au lieu de tout simplement se focaliser sur les documents/antisèches pourtant facilement différentiables de simples programmes...
Il y a eu l'annonce du retrait des émulateurs de calculatrices à l'oral du CAPES de Mathématiques à compter de 2018... comme si le jury considérait que les nouveaux enseignants recrutés n'auraient bientôt plus rien à faire de la calculatrice en classe...
Ou encore l'interdiction totalement incompréhensible et illogique de la calculatrice programmable à l'épreuve écrite d'informatique du CAPES de Mathématiques 2017...
Entre ces deux derniers points qui datent de cette année et ce nouveau programme, cela commence à faire beaucoup cette année...
Cette accumulation récente à des niveaux divers de règles convergeantes dans le fort recul de l'usage de la calculatrice qu'elles devraient entraîner, nous semble étrangement artificielle.
Le but partial ne serait-il donc pas de pousser les différents acteurs (élèves, enseignants, futurs enseignants...) à abandonner la calculatrice pour forcer le passage à la tablette tactile ?
Hélas, comme souvent il semble que nous ayons mis dans le mille, comme l'explique Gambit sur Linuxfr.org :
Si l'on en croit son témoignage, les différents textes que nous venons de lier seraient artificiellement construits pour pousser les acteurs à la transition technologique, sans attendre que cette transition ne soit pertinente pédagogiquement et matériellement.
L'éradication des calculatrices graphiques en France n'est visiblement pas la conséquence d'une évolution naturelle des programmes, mais une fin en soi pour des raisons qui nous échappent.
Et cela expliquerait pourquoi les constructeurs n'ont pas réagi : ce qu'ils auraient pu sortir n'aurait servi à rien, les textes auraient simplement été reformulés autrement pour les exclure.
Si il était de toutes façons prévu à moyen terme, d'ici quelques années, d'expulser la calculatrice des établissements scolaires français, on peut bien se demander quel aura été l'intérêt de la réforme bâclée du mode examen.
Une réforme tellement bâclée et irréfléchie qu'elle ne vaut rien en pratique, amenant inégalités entre candidats et étant facilement contournable par diverses failles enfantines sur certains modèles, lorsque ce n'est pas directement le constructeur qui inclut les moyens de contournement.
A moins que tout ceci ait été fait exprès, pour que cela donne n'importe quoi en pratique et décridibilise cette technologie aux yeux des différents acteurs.
En tous cas, ce ne sera pas faute d'avoir averti...
La communauté des calculatrices francophone n'a donc plus qu'à attendre le coup de grâce.
A priori, rien ne devrait changer avant qu'un nouveau programme de Terminale ne sorte et ne rentre en application, soit pour la session 2020 du BAC.
TI-Planet ce sera bientôt 10 ans d'action bénévole pour l'érudition et la réussite de tous; collégiens, lycéens et étudiants, aussi bien métropolitains qu'expatriés; pour leur créativité, leur ouverture d'esprit ainsi que leur esprit critique.
Une action désintéressée pour laquelle nous n'avons jamais compté nos heures, et pour laquelle nous n'avons visiblement pas été considérés par l'Institution, puisque jamais ni consultés ni informés lors de l'élaboration des textes que nous venons de lier.
Mais seul le résultat comptant, nous n'avons pas de regrets et avons donné le meilleur de nous-mêmes pour toute une génération.
Au-delà de 2020 et du très probable coup de grâce dont l'annonce devrait venir rapidement au rythme où vont les choses, nous verrons ce que nous ferons.
Suivre la transition technologique, nos compétences étant après tout transversales peu importe la technologie... avec certes le désagrément d'être noyés dans la masse puisque les tablettes sont actuellement une 'mode'...
Cibler d'autres pays où les calculatrices ne sont pas méprisées par l'Institution, notamment quelques pays européens voisins où la TI-Nspire est beaucoup plus répandue comme nous avons pu voir au salon Didacta cette année, ce qui fait que les élèves utilisent l'application TI-Nspire sur tablette en classe puis passent naturellement sur la calculatrice TI-Nspire pour leurs épreuves finales...
Ou encore prendre enfin du repos bien mérité, avec la satisfaction de la mission accomplie.
Pendant que nous avons donc encore des lecteurs à qui dire adieu merci, merci à toi, merci à l'équipe, merci à tous; merci de nous avoir fait confiance, d'avoir aidé ou participé; merci pour cette formidable aventure enrichissante et internationale que nous avons partagée ensemble.
Source : http://www.education.gouv.fr/pid285/bul ... _bo=115984
Intéressons-nous au programme de Mathématiques. Il s'agit donc pour cette rentrée 2017 d'une modification de l'ancien programme de 2009.
La comparaison visuelle des deux textes semble montrer quelques petites modifications éparses pour une bonne partie du texte, puis pas mal de changements vers la fin.
En introduction, pas beaucoup de changements. Juste une reformulation de l'éventail des compétences tel que redéfinies dans le texte intermédiaire de novembre 2013.
Egalement, le programme n'est plus considéré comme articulé autour de 3 parties mais de 4.
C'est en fait l'algorithmique et programmation qui est désormais listée comme une vraie partie du programme, là où avant il s'agissait d'un thème transversal.
D'où le nouveau découpage :
- Fonctions
- Géométrie
- Statistiques et probabilités
- Algorithmique et programmation
1) Fonctions :
Nous avons d'une part quelques ajouts, puisque les thèmes en question ne sont plus abordés en collège :
- Les ensembles de nombres que l'on peut maintenant définir brièvement.
- Les identités remarquables.
- Les systèmes d'équations.
D'autre part, le vocabulaire des fonctions (image, antécédents, etc...) n'est plus à introduire puisque déjà vu au collège.
Nous remarquons l'abandon de l'étude des fonctions homographiques.
Enfin, notons quelques idées d'activités en lien avec la Physique-Chimie :
- Signaux périodiques
- Réfraction optique
2) Géométrie :
N'étant plus traitée au collège, nous voyons débarquer la tangente à un cercle.
Autre ajout mais cette fois-ci dans la continuité du collège, le repérage terrestre.
La translation n'est plus à introduire puisque désormais vue antérieurement au collège, avec les symétrie centrale et homothétie.
En conséquence c'est l'introduction du vecteur qui s'appuie maintenant obligatoirement sur ces notions.
Comme connexion avec la Physique-Chimie, nous nous voyons suggérer les forces.
3) Statistiques et probabilités :
Ici on peut désormais aller un petit peu plus loin niveau moyenne, en passant à la moyenne pondérée.
Inversement, même si l'on conserve l'intervalle de fluctuation, on perd l'intervalle de confiance - très probablement remis au futur programme de Première.
Nombre de reformulations concernent l'échantillonnage, mais comme il s'agissait d'une partie inédite lors de l'introduction du programme précédent ce n'est pas étonnant.
4) Algorithmique et programmation :
Et voilà, nous arrivons au gros morceau, car ici pas mal de choses changent.
Déjà, le mot 'calculatrice' disparaît complètement de cette partie. Il n'est plus question de faire programmer aux élèves un algorithme sur leur calculatrice.
Le choix du langage de programmation à faire pratiquer aux élèves n'est plus libre, devant être conforme à une nouvelle définition dont chaque mot ou presque semble avoir été pesé pour exclure les calculatrices programmables :
Bulletin Officiel wrote:Le choix du langage se fera parmi les langages interprétés, concis, largement répandus, et pouvant fonctionner dans une diversité d’environnements.
Le "largement répandu" me semble en effet exclure les calculatrices, bien que cela puisse être sujet à interprétation.
Mais dans ce dernier cas, le "pouvant fonctionner dans une diversité d’environnements" termine d'enfoncer le clou.
Mais voyons un petit peu dans les détails si c'est justifié.
Effectivement, nous avons deux ajouts dans les capacités à développer :
- choisir ou déterminer le type d’une variable (entier, flottant ou chaîne de caractères)
- programmer des fonctions simples, ayant un petit nombre d’arguments
Donc effectivement, la plupart des calculatrices programmables, du moins les modèles d'entrée et milieu de gamme très majoritairement choisis par les lycéens français, ne conviennent plus.
D'une part, elles ne laissent pas choisir librement le type d'une variable. Et même aucune ne dispose d'un type dédié aux nombres entiers.
D'autre part, elles ne permettent pas d'écrire une fonction, c'est-à-dire un objet acceptant un ou plusieurs arguments et retournant un résultat, à l'aide d'un programme, car elles ne disposent pas d'un langage de programmation fonctionnel.
Plusieurs calculatrices haut de gamme pourraient certes convenir :
- la TI-Nspire CX avec :
- son langage de programmation Basic fonctionnel
- le langage Lua
- la HP Prime avec son langage de programmation fonctionnel HPPPL
La communauté avait pourtant su être visionnaire, et montrer l'exemple en développant dès 2014 pour TI-Nspire des évaluateurs Python et Javascript.
Mais hélas, aucun des trois constructeurs historiques ne semble en avoir tenu compte en développant d'application similaire, et même pire le mode examen des TI-Nspire de façon totalement non construtive et même néfaste empêche leur utilisation en examen !
Ou toute l'aberration du mode examen français résumée en 1 phrase...
Lorsque le précédent programme introduisant l'algorithmique était sorti pour la rentrée 2009, divers solutions revenaient dans les diverses formations :
- la calculatrice graphique
- le logiciel Algobox
- le logiciel Scratch
- le logiciel Xcas
- l'outil est disponible en permanence sur le coin de la table des élèves, et élèves et enseignant sont donc libres à tout moment d'y faire appel pour chercher le problème du jour, sans aucun besoin d'une préparation artificielle
- à la différence des logiciels, la calculatrice est autorisée aux examens
A moins que les constructeurs de calculatrices ne réagissent enfin d'ici la rentrée 2017, il va donc falloir faire sans calculatrice si l'on souhaite respecter le programme. Comment ?
La solution de la salle informatique n'est pas satisfaisante.
Elle implique d'être planifiée à l'avance, ce qui est totalement artificiel lors de la résolution de problème.
De plus les salles informatiques permettent rarement de faire une séance de cours normale, ce qui a pour effet pervers de devoir consacrer l'ensemble de la séance à des tâches numériques que l'on concentre artificiellement - il n'en sera pas retenu grand chose.
Sans compter que le déplacement exceptionnel a un autre effet pervers dans l'esprit des élèves, il leur indique que la résolution du problème du jour nécessite obligatoirement l'outil numérique. Ils vont donc chercher forcément une solution de ce style puisqu'on leur impose exceptionnellement un clavier devant eux, et tuer dans l'oeuf toute idée d'une solution papier/crayon pouvant pourtant être plus pertinente.
Non un outil TICE sur le coin de la table est bien plus pertinent.
L'outil TICE sur le coin de la table pourrait donc être la tablette tactile, distribuée aux élèves de Cinquième et Troisième de l'enseignement public pour cette année 2016-2017.
Mais aux dernières nouvelles, le taux d'équipement était très loin d'atteindre les 100%.
Sans compter que les éventuels redoublants de Seconde n'ont donc pas été équipés, ni d'ailleurs les élèves issus de collèges privés...
Peut-être le smartphone dont tous les élèves disposent pourra-t-il, au moins temporairement, palier à ce problème d'équipement.
Même si franchement, cela ne nous semble pas du tout être le meilleur outil pour saisir un programme.
Il restera quand même un problème essentiel : tablettes et smartphones ne sont pas autorisés aux examens.
Ne pas les utiliser et se contenter du papier/crayon, ce sera rendre l'apprentissage de l'algorithmique et de la programmation totalement théorique, abstrait, aussi rébarbatif que le calcul littéral ou la grammaire pour nombre d'élèves.
Alors que le plaisir de programmer, c'est de voir la machine exécuter correctement et rapidement le programme à la fin - tout comme une recette de cuisine n'a pas pour finalité de rester sur un papier.
Comme le papier ne sortira pas d'erreur de syntaxe, les règles d'écriture des algorithmes ou programmes ne seront pas davantage acceptées que les règles de grammaire ou de priorité des calculs.
Et inversement, utiliser les smartphones et tablettes non autorisés à l'examen, c'est amener l'élève à développer des méthodes de construction/vérification d'algorithmes qu'il ne pourra pas appliquer le jour de l'examen.
Au détriment par exemple du traçage papier de l'exécution d'un algorithme.
Un véritable dilemme auquel les enseignants ont maintenant moins de 3 mois pour répondre...
Répecter le texte officiel à la lettre, ou bien user de sa liberté pédagogique pour faire non pas ce qui est écrit, mais ce qui est dans l'intérêt de la réussite des élèves aux examens ?
Même si le texte officiel exclut un usage mutualisé de la calculatrice en classe car la plupart des modèles ne font pas de programmation fonctionnelle, rappelons aux personnes se sentant concernées par la question que les calculatrices n'en sont pas bien loin pour autant.
Le renvoi d'un résultat par un programme est possible sur la plupart des modèles - il suffit juste de bien s'assurer que la dernière ligne du programme est un calcul, dont la valeur sera alors retournée.
Quant aux arguments d'appel, on peut les simuler par des saisies immédiates en début de programme.
En l'absence d'autorisation des tablettes ou smartphones aux examens, un candidat sachant programmer cette sorte de pseudo-fonction sur sa calculatrice, sera bien mieux armé pour vérifier l'algorithme qu'il produit/modifie en réponse à la question, que celui qui ne l'a jamais appris et se contentera au mieux de vérifications mentales ou papier/crayon, ou même ne vérifiera pas du tout si il n'a jamais rien utilisé d'autre qu'un smartphone ou une tablette.
Dans tous les cas, c'est un nouveau coup de poignard bien profond à encaisser par la communauté des calculatrices.
Après le mode examen qui tue complètement l'intérêt de tout développement scolaire communautaire, quitte à ne pas respecter l'égalité entre candidats au lieu de tout simplement se focaliser sur les documents/antisèches pourtant facilement différentiables de simples programmes...
Il y a eu l'annonce du retrait des émulateurs de calculatrices à l'oral du CAPES de Mathématiques à compter de 2018... comme si le jury considérait que les nouveaux enseignants recrutés n'auraient bientôt plus rien à faire de la calculatrice en classe...
Ou encore l'interdiction totalement incompréhensible et illogique de la calculatrice programmable à l'épreuve écrite d'informatique du CAPES de Mathématiques 2017...
Entre ces deux derniers points qui datent de cette année et ce nouveau programme, cela commence à faire beaucoup cette année...
Cette accumulation récente à des niveaux divers de règles convergeantes dans le fort recul de l'usage de la calculatrice qu'elles devraient entraîner, nous semble étrangement artificielle.
Le but partial ne serait-il donc pas de pousser les différents acteurs (élèves, enseignants, futurs enseignants...) à abandonner la calculatrice pour forcer le passage à la tablette tactile ?
Hélas, comme souvent il semble que nous ayons mis dans le mille, comme l'explique Gambit sur Linuxfr.org :
Gambit wrote:Il y a quelques semaines, j'ai participé à une réunion dans une instance de l'éduc nat. Le sujet était de réfléchir à la politique numérique au sein des collèges. Objectif Full tablette pour tous les enfants, terminé l'ordinateur en classe, fini la calculette.
Si l'on en croit son témoignage, les différents textes que nous venons de lier seraient artificiellement construits pour pousser les acteurs à la transition technologique, sans attendre que cette transition ne soit pertinente pédagogiquement et matériellement.
L'éradication des calculatrices graphiques en France n'est visiblement pas la conséquence d'une évolution naturelle des programmes, mais une fin en soi pour des raisons qui nous échappent.
Et cela expliquerait pourquoi les constructeurs n'ont pas réagi : ce qu'ils auraient pu sortir n'aurait servi à rien, les textes auraient simplement été reformulés autrement pour les exclure.
Si il était de toutes façons prévu à moyen terme, d'ici quelques années, d'expulser la calculatrice des établissements scolaires français, on peut bien se demander quel aura été l'intérêt de la réforme bâclée du mode examen.
Une réforme tellement bâclée et irréfléchie qu'elle ne vaut rien en pratique, amenant inégalités entre candidats et étant facilement contournable par diverses failles enfantines sur certains modèles, lorsque ce n'est pas directement le constructeur qui inclut les moyens de contournement.
A moins que tout ceci ait été fait exprès, pour que cela donne n'importe quoi en pratique et décridibilise cette technologie aux yeux des différents acteurs.
En tous cas, ce ne sera pas faute d'avoir averti...
La communauté des calculatrices francophone n'a donc plus qu'à attendre le coup de grâce.
A priori, rien ne devrait changer avant qu'un nouveau programme de Terminale ne sorte et ne rentre en application, soit pour la session 2020 du BAC.
TI-Planet ce sera bientôt 10 ans d'action bénévole pour l'érudition et la réussite de tous; collégiens, lycéens et étudiants, aussi bien métropolitains qu'expatriés; pour leur créativité, leur ouverture d'esprit ainsi que leur esprit critique.
Une action désintéressée pour laquelle nous n'avons jamais compté nos heures, et pour laquelle nous n'avons visiblement pas été considérés par l'Institution, puisque jamais ni consultés ni informés lors de l'élaboration des textes que nous venons de lier.
Mais seul le résultat comptant, nous n'avons pas de regrets et avons donné le meilleur de nous-mêmes pour toute une génération.
Au-delà de 2020 et du très probable coup de grâce dont l'annonce devrait venir rapidement au rythme où vont les choses, nous verrons ce que nous ferons.
Suivre la transition technologique, nos compétences étant après tout transversales peu importe la technologie... avec certes le désagrément d'être noyés dans la masse puisque les tablettes sont actuellement une 'mode'...
Cibler d'autres pays où les calculatrices ne sont pas méprisées par l'Institution, notamment quelques pays européens voisins où la TI-Nspire est beaucoup plus répandue comme nous avons pu voir au salon Didacta cette année, ce qui fait que les élèves utilisent l'application TI-Nspire sur tablette en classe puis passent naturellement sur la calculatrice TI-Nspire pour leurs épreuves finales...
Ou encore prendre enfin du repos bien mérité, avec la satisfaction de la mission accomplie.
Pendant que nous avons donc encore des lecteurs à qui dire adieu merci, merci à toi, merci à l'équipe, merci à tous; merci de nous avoir fait confiance, d'avoir aidé ou participé; merci pour cette formidable aventure enrichissante et internationale que nous avons partagée ensemble.
Source : http://www.education.gouv.fr/pid285/bul ... _bo=115984