La calculatrice bientôt interdite ou vidée aux examens ?
Posted: 23 May 2012, 17:59
Depuis quelques semaines, plusieurs des utilisateurs de notre chat s'interrogeaient sur l'activation du mode examen de leur calculatrice TI-Nspire au BAC.
Cela nous a fortement étonnés, puisque ce mode est actuellement peu connu en France, et à chaque fois les utilisateurs en question citaient comme source leurs professeurs...
D'où sort donc cet étrange intérêt si soudain pour le mode examen, et y a-t-il un risque pour cette année?
Cela nous a donc mis la puce à l'oreille et nous avons mené l'enquête pour vous!
Commençons par définir ce mode examen dont on semble soudainement tant parler.
Ce mode surnommé par Texas Instruments PTT (pour Press To Test) est notamment utilisé pour plusieurs examens en Amérique du Nord et est activé par les surveillants en début d'épreuve.
Il suffit en effet pour l'activer d'allumer la calculatrice tout en maintenant 1 ou 2 touches enfoncées:
Ce mode permet de:
Pour les deux derniers points, la quasi totalité des modèles Nspire sont équipés d'une diode spéciale tricolore: vert-jaune-rouge, qui émet une séquence de couleurs facilement identifiables par le surveillant qui peut alors intervenir immédiatement:
[tableborder=1] mode examen activé - fonctionnalités graphiques et géométriques limitées mode examen activé - fonctionnalités graphiques ou géométriques limitées mode examen activé - fonctionnalités graphiques et géométriques non limitées unité en cours de redémarrage le mode examen vient d'être désactivé - alerte persistant pendant 15 secondes avant l'extinction définitive de la diode [/table]
Les TI-Nspire CAS+ et les TI-Nspire CAS ClickPad ne disposent pas de la diode, bien que pour ces dernières le circuit soit bel et bien présent mais sans aucune diode soudée:
Le seul moyen de désactiver le mode examen est de relier la calculatrice à un ordinateur, ce qui est normalement impossible en salle d'examen. Les redémarrages, menus de maintenance ou diagnostics, suppression réinstallations ou mises à jour d'OS sont de plus totalement inefficaces contre ce mode.
Et bien voici maintenant le pourquoi de cet intérêt soudain pour le mode examen:
La DGESCO (Direction Générale de l'Enseignement Scolaire) a sollicité un entretien avec les syndicats enseignants SNFOLC et SGEN le 3 mai dernier: l'ordre du jour, l'usage de la calculatrice aux examens.
Il s'agit d'une consultation préalable à une actualisation de la circulaire de novembre 1999, qui effectivement date maintenant de plus de douze ans - jusque-là, rien d'extraordinaire.
Mais tel que rapporté par le syndicat SNFOLC, la volonté de la DGESCO et de l'Inspection est d'encadrer d'avantage l'usage des calculatrices aux examens face, je cite, "aux excès existants dans l’utilisation immodérée de la calculatrice".
Aujourd'hui avec les dernières calculatrices sorties, on ne parle en effet plus de kilo-octets mais de méga-octets... On ne parle plus de pompes ou formulaires que l'on met dans sa calculatrice, mais de véritables cours ou annales formatés et en couleurs... Il eut été étonnant que ce problème soit ignoré plus longtemps.
Une première modification entrerait en vigueur pour la session 2013 des examens du BAC et du BTS. Jusqu'ici, les calculatrices étaient par défaut autorisées, sauf mention contraire sur le sujet.
Or, seuls les sujets des épreuves de mathématiques et physique-chimie autorisent régulièrement cet outil, ce qui oblige à imprimer la mention "calculatrices interdites" sur une majorité de sujets.
Et bien désormais, les calculatrices seraient par défaut interdites sauf si le sujet spécifie "calculatrices autorisées".
Rien de vraiment folichon pour le moment.
Mais nous y arrivons... A plus long terme, donc pas pour la session 2013 à priori mais peut-être 2014, l'Inspection Générale dit travailler sur 3 pistes:
1) Interdiction totale de la calculatrice pour toute épreuve et tout examen et concours.
De mon modeste point de vue ce serait fort dommage, car cela irait à contre-courant des évolutions actuelles des programmes (algorithmique introduite au lycée, nouvelle spécialité Informatique et Sciences du Numérique en Terminale S), et même des évolutions du monde dans lequel nous vivons.
2) Limitation des machines en publiant une liste de calculatrices autorisées.
Ici, il serait effectivement possible d'imposer des calculatrices moins puissantes.
Mais reste le problème du contrôle de ces machines par les surveillants - et il est parfois fort facile de faire passer un modèle pour un autre.
Avec des formes de boîtier souvent similaires, il serait fort simple:
3) N’autoriser qu’un type de calculatrice dont on pourrait neutraliser tout ou partie des fonctions et ainsi en limiter la mémoire. L’examinateur pourrait contrôler facilement la neutralisation (une diode lumineuse clignotante, dite « fonction examen » lorsque le matériel est neutralisé ; obligation de passer par un ordinateur pour débloquer le matériel après les épreuves d’examen).
Même si aucun nom de marque n'est cité (cela eut été contraire à l'étique), on pensera immédiatement à Texas Instruments, qui est le seul constructeur de calculatrices à pouvoir répondre actuellement à de tels critères avec sa gamme TI-Nspire - seul constructeur qui se serait donc montré visionnaire en développant le "mode examen" avant que les institutions ne l'exigent.
Le mode examen a certes été mis à mal par la sortie de Ndless 3.1, et notamment du lancement automatique de programmes au démarrage qui lui reste fonctionnel malgré l'activation de ce mode.
Mais la sortie prochaine de l'OS 3.2 corrigera très certainement la faille ouverte par l'OS 3.1 avec la désactivation, probablement par erreur, de la protection "canary" contre les dépassements de capacité, redonnant ainsi au système Nspire une sécurité égale ou supérieure à celle de la version 3.0.2 qui n'est justement toujours pas "Ndlessée" à ce jour.
Cela semble finalement la solution la plus raisonnable.
Resterait à savoir si tous les candidats seraient forcés de se procurer une TI-Nspire, ou si elles pourraient être achetées et fournies par l'Education Nationale, comme cela se pratique dans d'autres pays.
Mais au final clarifions donc les choses: ce n'est pas pour la session 2012, et je ne peux qu'inviter les collègues qui parlent de ces projets aux élèves à bien les présenter comme des projets non applicables en 2012.
Faire croire à certains candidats que ce n'est pas la peine de mettre des pompes dans leur calculatrice car il y aurait une activation du mode examen en 2012 (ce qui est faux puisque non prévu dans les textes actuels), c'est paradoxalement rajouter une inégalité entre candidats que ce projet voulait initialement combattre, puisque d'autres n'auront pas eu ces fausses informations et ne se seront pas gênés du tout.
Lien:
Compte-rendu SNFOLC
Source:
http://fo-snfolc.fr/IMG/pdf/audience_ma ... 5-2012.pdf
Cela nous a fortement étonnés, puisque ce mode est actuellement peu connu en France, et à chaque fois les utilisateurs en question citaient comme source leurs professeurs...
D'où sort donc cet étrange intérêt si soudain pour le mode examen, et y a-t-il un risque pour cette année?
Cela nous a donc mis la puce à l'oreille et nous avons mené l'enquête pour vous!
Commençons par définir ce mode examen dont on semble soudainement tant parler.
Ce mode surnommé par Texas Instruments PTT (pour Press To Test) est notamment utilisé pour plusieurs examens en Amérique du Nord et est activé par les surveillants en début d'épreuve.
Il suffit en effet pour l'activer d'allumer la calculatrice tout en maintenant 1 ou 2 touches enfoncées:
- sur un clavier ClickPad:
- sur un clavier TouchPad:
Ce mode permet de:
- rendre les documents et programmes préenregistrés dans la calculatrice Nspire temporairement inaccessibles (en créant un nouveau dossier racine différent pour les documents affichés dans l'explorateur de fichiers)
- permettre de désactiver certains fonctionnalités de la calculatrice (ce qui permet de l'adapter à différents niveaux d'examens)
- permettre aux surveillants de vérifier à tout moment, simplement et rapidement le bon fonctionnement du mode examen
- alerter en cas de manipulation suspecte sur la calculatrice
Pour les deux derniers points, la quasi totalité des modèles Nspire sont équipés d'une diode spéciale tricolore: vert-jaune-rouge, qui émet une séquence de couleurs facilement identifiables par le surveillant qui peut alors intervenir immédiatement:
[tableborder=1]
Séquence diode
Signification
Les TI-Nspire CAS+ et les TI-Nspire CAS ClickPad ne disposent pas de la diode, bien que pour ces dernières le circuit soit bel et bien présent mais sans aucune diode soudée:
Le seul moyen de désactiver le mode examen est de relier la calculatrice à un ordinateur, ce qui est normalement impossible en salle d'examen. Les redémarrages, menus de maintenance ou diagnostics, suppression réinstallations ou mises à jour d'OS sont de plus totalement inefficaces contre ce mode.
Et bien voici maintenant le pourquoi de cet intérêt soudain pour le mode examen:
La DGESCO (Direction Générale de l'Enseignement Scolaire) a sollicité un entretien avec les syndicats enseignants SNFOLC et SGEN le 3 mai dernier: l'ordre du jour, l'usage de la calculatrice aux examens.
Il s'agit d'une consultation préalable à une actualisation de la circulaire de novembre 1999, qui effectivement date maintenant de plus de douze ans - jusque-là, rien d'extraordinaire.
Mais tel que rapporté par le syndicat SNFOLC, la volonté de la DGESCO et de l'Inspection est d'encadrer d'avantage l'usage des calculatrices aux examens face, je cite, "aux excès existants dans l’utilisation immodérée de la calculatrice".
Aujourd'hui avec les dernières calculatrices sorties, on ne parle en effet plus de kilo-octets mais de méga-octets... On ne parle plus de pompes ou formulaires que l'on met dans sa calculatrice, mais de véritables cours ou annales formatés et en couleurs... Il eut été étonnant que ce problème soit ignoré plus longtemps.
Une première modification entrerait en vigueur pour la session 2013 des examens du BAC et du BTS. Jusqu'ici, les calculatrices étaient par défaut autorisées, sauf mention contraire sur le sujet.
Or, seuls les sujets des épreuves de mathématiques et physique-chimie autorisent régulièrement cet outil, ce qui oblige à imprimer la mention "calculatrices interdites" sur une majorité de sujets.
Et bien désormais, les calculatrices seraient par défaut interdites sauf si le sujet spécifie "calculatrices autorisées".
Rien de vraiment folichon pour le moment.
Mais nous y arrivons... A plus long terme, donc pas pour la session 2013 à priori mais peut-être 2014, l'Inspection Générale dit travailler sur 3 pistes:
1) Interdiction totale de la calculatrice pour toute épreuve et tout examen et concours.
De mon modeste point de vue ce serait fort dommage, car cela irait à contre-courant des évolutions actuelles des programmes (algorithmique introduite au lycée, nouvelle spécialité Informatique et Sciences du Numérique en Terminale S), et même des évolutions du monde dans lequel nous vivons.
2) Limitation des machines en publiant une liste de calculatrices autorisées.
Ici, il serait effectivement possible d'imposer des calculatrices moins puissantes.
Mais reste le problème du contrôle de ces machines par les surveillants - et il est parfois fort facile de faire passer un modèle pour un autre.
Avec des formes de boîtier souvent similaires, il serait fort simple:
- de mettre une TI-89 dans un boîtier TI-83 Plus
- de mettre une TI-84 Silver Edition dans un boîtier TI-84
- de mettre une TI-89 Titanium dans un boîtier TI-84 Plus
- de mettre une TI-Nspire CX CAS dans un boîtier TI-Nspire CX
3) N’autoriser qu’un type de calculatrice dont on pourrait neutraliser tout ou partie des fonctions et ainsi en limiter la mémoire. L’examinateur pourrait contrôler facilement la neutralisation (une diode lumineuse clignotante, dite « fonction examen » lorsque le matériel est neutralisé ; obligation de passer par un ordinateur pour débloquer le matériel après les épreuves d’examen).
Même si aucun nom de marque n'est cité (cela eut été contraire à l'étique), on pensera immédiatement à Texas Instruments, qui est le seul constructeur de calculatrices à pouvoir répondre actuellement à de tels critères avec sa gamme TI-Nspire - seul constructeur qui se serait donc montré visionnaire en développant le "mode examen" avant que les institutions ne l'exigent.
Le mode examen a certes été mis à mal par la sortie de Ndless 3.1, et notamment du lancement automatique de programmes au démarrage qui lui reste fonctionnel malgré l'activation de ce mode.
Mais la sortie prochaine de l'OS 3.2 corrigera très certainement la faille ouverte par l'OS 3.1 avec la désactivation, probablement par erreur, de la protection "canary" contre les dépassements de capacité, redonnant ainsi au système Nspire une sécurité égale ou supérieure à celle de la version 3.0.2 qui n'est justement toujours pas "Ndlessée" à ce jour.
Cela semble finalement la solution la plus raisonnable.
Resterait à savoir si tous les candidats seraient forcés de se procurer une TI-Nspire, ou si elles pourraient être achetées et fournies par l'Education Nationale, comme cela se pratique dans d'autres pays.
Mais au final clarifions donc les choses: ce n'est pas pour la session 2012, et je ne peux qu'inviter les collègues qui parlent de ces projets aux élèves à bien les présenter comme des projets non applicables en 2012.
Faire croire à certains candidats que ce n'est pas la peine de mettre des pompes dans leur calculatrice car il y aurait une activation du mode examen en 2012 (ce qui est faux puisque non prévu dans les textes actuels), c'est paradoxalement rajouter une inégalité entre candidats que ce projet voulait initialement combattre, puisque d'autres n'auront pas eu ces fausses informations et ne se seront pas gênés du tout.
Il semble donc que l'Education Nationale veuille sonner "la fin de la récré"...
Mais pour le moment, cela ne change rien en 2012 - rappelons-le!
Mais pour le moment, cela ne change rien en 2012 - rappelons-le!
Lien:
Compte-rendu SNFOLC
Source:
http://fo-snfolc.fr/IMG/pdf/audience_ma ... 5-2012.pdf