A première vue, le design est pourtant similaire à celui des TI-81/82/83/85 de l'époque.
Mais il s'agit aussi de la plus petite calculatrice graphique jamais produite, qui n'a de ce point de vue là rien à envier à la TI-84 Pocket.fr qui n'est venue que 15 ans après.
C'est également l'une des calculatrices graphiques les plus légères.
Elle dispose aussi de la plus petite résolution d'écran connue: 64x48 pixels.
Comme la TI-81, la TI-80 ne dispose pas de prise mini-Jack et il n'est donc pas possible de transférer des programmes.
Pourtant le circuit de communication est bien dessiné mais les composants en sont absents... En fait, les TI-80 rétroprojetables (version ViewScreen / enseignant très rare) disposent d'une prise mini-Jack mais elle ne gère que le transfert de captures d'écran sur un ordinateur avec une version spéciale du logiciel TI-Graph Link.
Le processeur de la TI-80 est inclus dans une puce ASIC Toshiba T6M53A. (à gauche sur l'image ci-dessous)
(source: musée Datamath
En haut à droite figure la ROM LH5355. Selon la calculatrice, elle peut contenir une version 3.0 ou 4.0, toutes deux dumpées il y a 2 ans par branchement sur un programmateur d'EPROM.
Mais l'étude du contenu ainsi récupéré a fait apparaître des choses encore plus étranges... Le code machine était totalement inconnu! Contrairement aux autres calculatrices TI-73/76/81/82/83/84/85/86, la TI-80 n'utilisait donc pas de processeur z80 8-bits, mais un processeur propriétaire.
De plus, l'alignement du code en question suggérait qu'il s'agissait d'un processeur 16-bits, comme sur les TI-89/92/Voyage 200!
Par contre, on déchante un peu quand on en arrive à la fréquence du processeur, qui serait de seulement 0,98MHz selon une information communiquée par TI.
Le stockage des chaînes système en ROM présentait la même particularité que sur la première calculatrice graphique TI, la TI-81: pas de caractère nul terminal, mais le bit de poids fort qui indique la fin de chaîne sur le dernier caractère. Ajoutée à la similarité des menus, nous pouvions donc en déduire que le système TI-80 était un portage du système TI-81, ce qui expliquerait qu'il commence directement à la version 3.0 quand la TI-81 s'était arrêtée à la version 2.0. A l'époque, le système étant encore relativement "petit", un portage rapide était sans doute encore envisageable.
Finalement, de nombreux choix sur la TI-80, dont le changement de processeur, semblent avoir été destinés à réduire sensiblement son coût de fabrication et donc le prix de vente, un peu comme pour la TI-Nspire CM-C.
Mais nous n'étions toujours pas au bout de nos surprises... La ROM LH5359 avait une capacité de 64Ko et nous en avions récupéré 32Ko de code utile. Mais de nombreux messages système (mémoire notamment) étaient absent du contenu récupéré, et laissaient donc entendre qu'il était incomplet, qu'une partie du code était stocké dans une autre puce... La SRM2264 étant la RAM (volatile), il ne pouvait s'agir que de l'ASIC T6M53A, dont hélas aucun datasheet ne semblait disponible publiquement. Il n'était donc absolument pas possible d'en récupérer le contenu de la même façon que pour la puce ROM LH3559.
Etudiant à fond le contenu de ce qui avait déjà été récupéré, Randy Ruler of Zexernet découvre une faille permettant d'exécuter du code assembleur. Il en profite donc pour développer un mini programme de dumping et terminer la récupération du code système, extrayant 16Ko de code supplémentaire pour la version 4.0.
La version 4.0 de la TI-80 est donc entièrement dumpée à ce jour, et Randy est sur le développement d'un shell/kernel qui permettra d'exécuter des programmes assembleur, et sur celui d'un émulateur spécifique à la TI-80.
Presque 3 ans après les TI-81, la TI-80, la dernière calculatrice graphique TI d'ancienne génération qui n'avait pas encore été "ouverte", a enfin trouvé le chemin de l'assembleur. Souhaitons qu'elle arrive au bout!