Avis Nouveaux Programmes Maths/Info Primaire/Collège 2016

[Bisam]

Il y a effectivement une sélection drastique à l'entrée en prépa... Elle est d'ailleurs bien plus sélective que celle des concours à la fin de la prépa. A l'entrée, moins d'un élève sur 3 qui demande une prépa obtiendra l'un de ses voeux. Dans certaines prépas, c'est seulement un dossier sur 30 qui peut être retenu. A contrario, aux concours, plus de la moitié des candidats obtiendra une école d'ingénieurs.
C'est donc bien à l'entrée qu'il y a une sélection qui se fait.

[alan2010]

Pour revenir au sujet principal, je pense que l'informatique a été introduite pour faire passer la pilule du nivellement par le bas, pour ne pas dire: tiens, si on supprimait 80% du programme!! C'est plus vendeur auprès du grand public.
En fait, si l'on y regarde de plus près, les changements ne sont pas si importants qu'on pourrait le croire.
L'introduction de la programmation (je ne parlerai pas d'algorithmique à ce niveau, ce serait un peu faire honte à la discipline) est une véritable BLAGUE. Pour moi, utiliser Scratch n'est pas réellement programmer (après tout, la véritable programmation exige notamment une rigueur au niveau syntaxique qu'il est, je l'admet, difficile d'enseigner à des élèves pas forcément intéressés et qui, pour un nombre non négligeable, ne savent pas écrire français), et n'a surtout rien à voir avec un cours de maths! (en techno, à la rigueur, mais pourquoi retirer des notions FONDAMENTALES du programme de mathématiques pour ce genre de futilités?). Je pense que parler d'algorithmique est excessif. Par exemple, il faudra attendre la 3ème pour voir apparaître des boucles, des variables, des instructions conditionnelle. De plus, vu la disparition d'un nombre important de notions en maths, on ne pourra plus écrire des algorithmes les mettant en œuvre informatiquement (je pense notamment au calcul des puissances: méthode naïve et méthode récursive, etc.). Comme le précise le programme, le principal objet des "cours d'informatique" sera alors des situations de la vie courante ou des réalisations vidéo-ludiques (qui n'ont alors rien à faire en cours de maths).
L'utilisation des logiciels est également préconisée par la réforme, et ce n'est pas nouveau. En fait, on laisserait même le soin aux logiciels de faire les calculs à sa place. Aujourd'hui, l'équipement n'est plus véritablement un problème (la plupart des salles étant équipées d'au moins un ordinateur, voire d'un vidéo-projecteur, d'enceintes et d'un tableau numérique interactif). Il ne faut pas non plus croire que les profs (à l'école comme au collège) sont bêtes pour ne pas pouvoir être capables d'utiliser un logiciel ou apprendre Scratch, qui est à la portée d'un enfant de 5 ans.
C'est qu'ils ne veulent pas inclure ce genre de pratiques dans leurs enseignements... et ils ont plutôt raison. Les maths doivent former au raisonnement, à la rigueur de mener un calcul juste jusqu'au bout, pas à savoir se servir de tel ou tel logiciel. Cela sera appris plus tard si besoin. Ou à le faire, autant laisser les élèves intéressés expérimenter par eux-mêmes (à la maison par exemple). Pour ma part, j'ai effectivement bénéficié de "cours d'informatique" réguliers à l'école et au collège, mais cela s'est fait en plus des heures dédiées aux autres matières. Ayant commencé à utiliser cet outil très tôt (dès l'âge de 2 ans), j'ai progressivement appris, aussi par moi-même, à utiliser un certain nombre de logiciels dans divers domaines, à utiliser Internet et je me débrouille relativement bien en programmation. Les enfants/ados passent déjà trop de temps sur des "écrans" divers et variés, alors pourquoi en rajouter encore à l'école, surtout que des études sérieuses ont montré que LES PERFORMANCES DES ELEVES VARIAIENT COMME L'INVERSE PROPORTIONNELLE DU TEMPS PASSE A UTILISER LES TECHNOLOGIES A L'ECOLE?? Alors que la plupart des pays industrialisés font marche-arrière, en revenant à des méthodes d'enseignement plus "traditionnelles", en France, on s'obstine à faire le contraire!!

Pour l'usage raisonné de la calculatrice au lycée, je ne suis pas contre (quoi que maintenant au BAC, certaines questions NECESSITENT l'usage de la calculatrice en probas/stats notamment... ce que je trouve un peu limite... mais après tout, on est dans le domaine des mathématiques appliquées, donc bon...), mais je trouve que se baser sur des logiciels pour des futilités telles qu'enseignées dans les nouveaux programmes ne fera pas de bien

C'est triste pour les élèves, et plus généralement pour l'avenir des maths et des sciences fondamentales...

[GalacticPirate]

Bon, disons que je suis à moitié d'accord : le nivellement par le bas est en grande partie dû au nivellement par le bas des programmes... Quand je pense que j'étudiais les fractions en CM1 tandis que ma petite soeur peine à mettre en oeuvre les mêmes techniques en 5e... Un des signs principaux est la résolution des équations du 2nd degré : j'ai attendu tout le collège pour les étudier, puis la seconde, pour finalement les étudier en 1re S (le contrôle a été vécu comme "horriblement dur" par les élèves de ma classe, tandis qu'il s'agissait du chapitre le plus simple de l'année, qu'est-ce qu'ils vont faire face aux dérivées... ).
Par contre je suis contre accuser la technologie à tout va, je pense au contraire qu'on la sous-estime, à cause de notre bonne vieille loi de Moore... Quand j'étais en primaire, on nous apprenait dans de rares cours d'info à situer le lecteur de disquettes et celui de CD... Bien sûr il est évident que personne ne pensait au début des années 2000 que les "pads" électroniques de Star Trek allaient être dépassés par la réalité avec l'essor des tablettes lors de la décennie suivante, mais ce n'est pas en laissant Windows XP sur les ordis du lycée qu'on va préparer les futurs citoyens à ce qui les attend demain... Je rappelle en passant que la vie en 2100 sera for-cé-ment inimaginable par rapport à aujourd'hui d'un point de vue technologique... Alors je dis, passons aux technologies dernier cri au moins pour éviter la destruction totale d'une génération entière d'individus sur le marché du travail... Il est ainsi choquant de voir 95% des élèves qui ne savent pas ce qu'est leur FAI ("WTF ?") ou leur OS ("J'ai un PC...") ou pire, leur navigateur internet ("Moi j'utilise Google") ou leur support de réception d'internet ("le Wifi" ). Donc laissons entrer les technologies d'une manière plus professionnelle à l'école tout en arrêtant ce nivellement par le bas des élèves!

[alan2010]

J'ai eu l'occasion de discuter avec une personne experte en la matière.

En gros, elle pense que si cette réforme est appliquée un jour, ce ne sera pas pour bien longtemps. En effet, la plupart des enseignants sont farouchement OPPOSES à cette réforme (impliquant la disparition pure et simple de la géométrie et même d'une grande partie du calcul au profit de l'enseignement d'une pseudo-informatique)... certains jusqu'à ne pas en tenir compte (i.e. ne pas modifier leurs programmes d'enseignement en conséquence).
Je pensais déjà de toute façon que l' "informatique" fera comme l'algorithmique au lycée ou les projets de "classe numérique" : la plupart des profs en feront le moins possible. C'est déjà le cas avec l'algorithmique au lycée : un grand nombre de profs se contentent de traiter uniquement des algorithmique sur les annales du BAC en exposant 2-3 concepts généraux, sans faire aucune leçon d'algorithmique à proprement parler au cours de l'année.

En effet, il paraît évident qu'il vaut mieux se concentrer sur les fondamentaux (calcul et initiation au raisonnement à travers la géométrie) quand on voit le nombre d'élèves en difficulté. Or on fait ici l'inverse : on supprime tout ce qui peut poser des problèmes aux élèves pour finalement n'enseigner plus rien du tout : à la sortie, les élèves ne sauront même plus calculer, mais en contre-partie, ils ne sauront non plus rien en informatique (ni informatique théorique, ni programmation dans un véritable langage)...

[alan2010]

Pour le déploiement des tablettes numériques à grande échelle auprès des élèves, j'ai récemment eu la confirmation que ce n'est encore pas pour cette année : ni au primaire (CM1), ni au collège (5e), ni au lycée.
Après je ne prétends pas parler pour la France entière, mais je pense que c'est bien le cas partout, car sinon, la retombée médiatique aurait été énorme...
On attend donc avec hâte la mise en place (tiens, l'implémentation) de cette réforme sur le terrain à l'école comme au collège, quand on sait que le taux d'équipement est d'en moyenne un poste pour 3.5 élèves !! (et sans parler de l'âge de la bête censée faire de l'animation 3D en techno).

[critor]

Pas de confirmation claire pour ma part, mais plus le temps s'écoule sans qu'il ne se passe apparemment quelque chose, plus je me dis que l'équipement en tablettes de tous les élèves de Cinquième à la rentrée 2016 est irréalisable.

Or, gros problème - le nouveau programme a été conçu pour des classes d'élèves équipés chacun d'un outil TICE personnel (tablette ou ordi portable).
Sans équipement, les professeurs vraiment volontaires et motivés par le nouveau programme qui ne constitueront pas à mon avis la majorité, se crèveront pour peut-être amener leur classe 5 fois en salle d'informatique dans l'année (1 heure entière à chaque fois forcément vu qu'il faut se déplacer dans une salle spéciale, à caser entre deux périodes de vacances en gros - et il faut vraiment courir pour arriver à dégager un tel temps).

Ce ne sont pas ces séances exceptionnelles qui feront maîtriser aux élèves les nombreux logiciels et outils au pogramme (numération, calcul, calcul formel, géométrie dynamique, feuille de calculs, pilotage de robot, développement d'applications...), alors que c'est la répétition de la confrontation au logiciel qui permet de retenir et de progresser.

En comparaison, rien que 5 minutes sur un de ces logiciels avec la tablette de l'élève à chaque heure de cours seraient infiniment plus profitables à l'élève, sans nécessiter de marathon de la part de l'enseignant.

Nous continuerons donc à récupérer au lycée, des élèves censés savoir manipuler par exemple les feuilles de calculs, mais où en pratique il faudra continuer à tout refaire comme si les élèves ne savaient rien, vu les énormes disparités...

[alan2010]

Oui voilà.

C'est pour cela que je pense qu'il ne faut donc pas ôter 75% du programme pour ça, car :
- Comme vous le dites, c'est irréalisable en pratique, à tous les niveaux (tiens, en chimie, en sup on avait fait une courbe de dosage sur papier millimétré avec méthode des tangentes à la règle)
- Deuxièmement, je pense qu'il vaut mieux savoir calculer ou quelque peu raisonner qu'utiliser un logiciel ou découvrir un chouïa de programmation. En effet, les premières sont des compétences indispensables dans la vie, ce qui n'est pas le cas des deuxièmes (qui utilise GeoGebra ou Scratch à part les profs, les jeunes élèves et certains parents ? alors que tout le monde fait un calcul de pourcentage ou de fractions, de volume...)

Ou alors, à le faire, faisons-le en complément, comme aux USA par exemple où les élèves sont initiés dès le plus jeune âge aux technologies à travers des activités construites, etc. (d'ailleurs ça a été un peu mon cas à moi). Mais pas au détriment d'une matière FONDAMENTALE comme les mathématiques... c'est un peu comme si en cours de français, on apprenait le traitement de texte ou à utiliser un moteur de recherche...

[Bisam]

c'est un peu comme si en cours de français, on apprenait le traitement de texte ou à utiliser un moteur de recherche...

Heu, ça, c'est déjà le cas !!
Les deux sont dans le socle commun de connaissances.

[alan2010]

Ah ouais ??

Ah ben alors autant faire ça en maths...

Après tout, en français, c'est pas grave si l'élève fait des fautes car le logiciel le corrigera,
En maths, c'est pas grave si l'élève ne sait pas calculer car le logiciel le fera à sa place

[noelnadal]

Le traitement de texte fait plus de fautes que le logiciel, à mon avis...