by parisse » 28 Jan 2015, 20:17
Il y a plusieurs thèmes qui sont mêlés dans le débat et qui du coup portent à confusion:
- la pertinence de l'utilisation de calculatrices au bac
- l'équité entre candidats
- qui controle les fonctionnalités accessibles sur les calculatrices.
Ainsi des intervenants comme mdr1 sont contre l'utilisation des calculatrices (sauf 4 opérations), du coup ils applaudissent à toute réforme qui diminuerait les fonctionnalités accessibles aux candidats, sans réellement réfléchir aux autres points. Pourtant on peut discuter de ces points séparément. Par exemple, il est parfaitement possible de découper l'épreuve de maths en 2 parties, par exemple de 3h et 1h, avec calculatrices interdites en dernière heure et question de cours distribuées une fois les calculatrices interdites, et donc vérifier l'acquisition de connaissances sans anti-sèches sans mode examen. Il est aussi tout-à-fait possible de concevoir des épreuves où seul un usage intelligent de la calculatrice permet de rapporter des points.
Sur l'équité entre candidats, il me semble par contre difficile de soutenir objectivement que le mode examen améliorerait les choses. D'abord parce que pendant une période transitoire, le renouvellement complet du parc de calculatrices sera forcé (on comprend que les constructeurs soient très intéressés par cette réforme), il sera impossible d'acheter un modèle d'occasion (pour par exemple accéder à plus de fonctionnalités) ou utiliser un modèle non équipé de diode (donc impossible d'utiliser par exemple une hp40gs, modèle avec calcul formel qu'on peut acheter neuf à 40 euros aujourd'hui). Ensuite, parce que les utilitaires divers librement téléchargeables permettent de compléter les fonctionnalités des calculatrices d'entrée ou milieu de gamme: sur le calcul formel par exemple, eigenmath fx pour Casio est largement suffisant pour le lycée.
Mais le point le plus important à long terme c'est qui controle les fonctionnalités présentes sur le matériel. D'un point de vue économique d'abord, s'il y a plus de modèles autorisés, cela tire les prix vers le bas. D'un point de vue philosophique ensuite, le mode examen c'est la mort du développement de logiciels libres sur calculatrices, alors même que les capacités des calculatrices permettent aujourd'hui d'y porter des projets prévus au départ pour PC, on peut citer le portage de Python et de Giac/Xcas sur TI nspire, dont l'intérêt pédagogique est pourtant avéré. D'un point de vue amélioration des fonctionnalités du firmware enfin, d'une part parce que les équipes de développement vont passer une part significative de leur temps à sécuriser leurs mode examen, d'autre part par l'absence de pression exercée par l'existence d'utilitaires non professionnels (et la baisse de concurrence). Il suffit de regarder les fonctionnalités des dernières versions de l'OS de la nspire pour s'en convaincre.
Voilà pourquoi je pense qu'adopter le mode examen tel qu'il semble se préciser serait une grave erreur.