Ces mercredi 20 et jeudi 21 mai, avait lieu le salon de l'Orme 2.15 au palais des congrès de Marseille.
Il est situé au coeur du parc Chanot dans la quartier d'Antignanne dans le 8ème arrondissement. Ce parc des expositions accueille entre autres chaque année la Foire internationale de Marseille depuis 1924, ainsi que la Japan Expo Sud depuis 2009.
Ouvert en 1906 suit à la reconversion d'un ancien terrain militaire, le parc est baptisé du nom de Jean-Baptise-Amable Chanot, maire de l'époque de 1902 à 1908 puis 1912 à 1914. L'imposante grille d'entrée est toutefois plus récente, datant de 1924.
Le salon se déroule donc cette année sous le thème "Enseigner l'informatique, éduquer au numérique", dans le contexte du projet de "grande école numérique" du Président François Hollande, avec un enseignement de l'algorithmique dès le collège, et une initiation au 'code' dès le primaire. Nous allons donc vous proposer une petite visite du salon et découvrir ensemble les solutions apportées par les industriels et éditeurs.
Rentrons dans le coeur du sujet en visitant le stand de
EasyTIS, importateur-distributeur entres autres de produits TTS et MOBSYA.
- Parmi eux, nous avons les robots BeeBot (avec 'bee' pour abeille) et BlueBot sur lesquels il est possible de programmer un chemin avec des instructions similaires au langage Logo (avance/recule, tourne droite/gauche), chemin qui est ensuite déroulé par pas de 15cm et 90°. Suivant ces spécifications, chaque enseignant peut donc librement réaliser ses propres tapis d'activités. BlueBot a l'avantage d'être équipé en BlueTooth, et ainsi programmable par l'intermédiaire d'une application tablette, ce qui permet notamment de visualiser et éditer la série d'instructions, et d'en suivre le déroulement.
- ProBot prend la forme d'une voiture sur laquelle on peut placer un stylo, un peu comme le projet ToyoBot de 2009. Elle dispose d'un écran LCD permettant de visualiser la série d'instructions programmée, et ces dernières permettent une bien meilleure liberté de mouvement car acceptant des distances ou angles en paramètre.
- PI2Go est un robot conçu autour de la technologie Raspberry Pi offrant une toute nouvelle dimension. Les différentes unités ont ici l'avantage d'appartenir à un même réseau sans-fil, ouvrant la voie à la programmation collaborative. Chaque unité dispose d'un afficheur indiquant la fin de son adresse IP et permettant ainsi de l'identifier. En prime, PI2Go peut être programmé en Scratch ou en Python.
- Enfin, Thymio II est un concentré de capteurs (distance, accéléromètre, température, microphone...) permettant la programmation de véritables comportements, comme le suivi ou le retrait devant un objet mobile, la main par exemple. Thymio II est même équipé pour pouvoir accueillir des briques Lego, permettant ainsi la construction de véhicules ou robots.
Traversant alors le stand des éditeurs numériques, nous notons la présence de l'éditeur Cabrilog avec son logiciel de géométrie dynamique Cabri, dont plusieurs adaptations furent intégrées officiellement dans les calculatrices Graphique Texas Instruments :
- 1995: Cabri II sur TI-92 (repris ensuite pour les TI-92 II, TI-92 Plus, TI-Voyage 200)
- 1999: Cabri II sur TI-89 (repris ensuite pour la TI-89 Titanium)
- 2002: Cabri Jr sur TI-83 Plus (repris ensuite pour les TI-84 Plus, TI-83 Plus Silver Edition, et TI-84 Plus Silver Edition)
Nous arrivons maintenant justement sur le stand de Lego éducation, tenu en fait par le distributeur Jeulin. Nous y sont présentées plusieurs réalisations autour de la brique Lego programmable EV3, brique appartenant à la collection Lego Mindstorms. Elle permet la connexion de jusqu'à quatre capteurs en entrée, et quatre actionneurs en sortie. Pour programmer les robots ainsi conçus, on nous met en avant non pas un éditeur de code, mais une espèce d'éditeur de graphes se voulant intuitif, graphes que l'on appelle
ordinogrammes dans le contexte de la programmation.
En repartant, nous traversons Le Lab où nous apercevons rapidement d'autres robots programmables concurrents.
Quelques collégiens insistent alors pour que l'on vienne voir leur projet, un potager mélomane. Des capteurs disposés près des racines de différentes plantes permettent de détecter lorsqu'on les touche, et déclenchent alors une musique présélectonnée selon la plante concernée. Nous notons ici l'utilisation d'une carte interface Arduino, et encore une programmation sous forme d'ordinogramme.
En repartant, nous notons le stand d'ERM Automatismes, société basée à Carpentras, qui présente encore des des robots ou drones programmables, pouvant servir selon eux en série S filière SI
(Sciences de l'Ingénieur) ou spécialité ISN
(Informatique et Sciences du Numérique). Mais ce qui retient surtout notre attention, c'est le robot humanoide
Nao qu'ils importent et distribuent. L'on nous presse d'ailleurs de nous rendre sur le stand central IntégraTice où a actuellement lieu une présentation avec un autre robot, rouge au lieu de bleu.
Peut-être est-ce parce que nous avons raté le début de la présentation avec introduction et problématique, mais nous trouvons la démonstration extrêmement pauvre, la démonstratrice ne nous montrant Nao pendant de longues minutes que pour un bête questionnaire à réponses courtes auquel elle répondait elle-même, le robot posant des questions et attendant une réponse avec un ou plusieurs mots-clé, récitant alors un des deux commentaires préenregistrés en cas de réponse juste ou fausse. Nous sommes d'ailleurs partis avant la fin peut-être après la 10ème question, nous rendons alors compte qu'une bonne partie des personnes derrière nous n'avaient pas été aussi patientes.
Nous n'avons pas pu voir tout ce qu'il était possible de faire avec toute la partie motorisée de Nao. Nous nous interrogeons fortement sur le réel apport pédagogique de Nao en tant que simple organisateur de questionnaires à réponses courtes, et l'intérêt d'un tel investissement si il n'y a pas d'autre objectif. Sans doute que des questionnaires réalisés avec Nao peuvent intéresser et captiver les élèves, mais nous doutons que cette magie se prolonge au delà de quelques séances.
Nous passons alors devant le stand de Manithan collectivités, qui distribue entres autres les calculatrices Citizen. Les dépliants sur place présentent les calculatrices FC Prem'S et FC Junior comme les seules calculatrices conformes au manuel de l'école primaire, programme scolaire à l'appui.
Effectivement l'extrait de programme recommande l'utilisation de calculatrices avec afficheur à deux lignes
(calcul + résultat), et apparemment ces calculatrices Citizen sont sorties avant la
TI-106II. Cette phrase publicitaire a donc peut-être été vraie à une certaine époque, mais ne l'est plus aujourd'hui. Nous aurions d'ailleurs communiqué avec plaisir dessus si l'on nous avait prévenus. Bref, nous ne pourrons visiblement pas rattraper cela aujourd'hui, l'adresse indiquée pour télécharger les émulateurs conduisant au final à une erreur 404.
Les acteurs du libre étaient également représentés avec les associations Axul
(association du Pays d'Aix des Utilisateurs de Linux et des Logiciels Libres) et Reso-nance numérique. Cette dernière anime notamment le FabLab
(lieu de fabrication ouvert) de Marseille à la Friche la Belle de Mai. Nous sont présentées diverses activités et réalisations pédagoludiques conçues là encore autour de cartes interfaces dont entre autres des Arduino, par exemple contrôler les coordonnées d'un objet virtuel d'un simple coup de crayon, les mines en graphite étant conductrices de courant. C'est donc la position du crayon sur un trait plus ou moins long qui donne une certaine résistance et donc une certaine position.
Nous notons là encore une programmation visuelle des interfaces à l'aide d'un ordinogramme avec le logiciel Pure Data. L'association a d'ailleurs conçu une boîte à outils démocratisant l'utilisation de ce logiciel, "la Malinette", son projet phare.
Nous arrivons maintenant sur le stand de Casio, qui présente ses vidéoprojecteurs, ses nouveaux modèles fx-92 Spéciale Collège, Graph 25+E, Graph 35+E et Graph 75+E de la rentrée 2015, et montre le fonctionnement du mode examen. Nous nous y voyons remettre un sac avec le catalogue de la rentrée 2015, une clé USB rétractable Casio et un stylo bille Casio dans son étui.
Nous demandons à voir le fonctionnement du QR-Code sur la fx-92 Spéciale Collège, n'ayant pas été capables de le tester nous-mêmes.
En effet, ce modèle donne le choix :
- entre la génération d'une série de QR-Codes en version 3
- et la génération d'un unique QR-Code en version 11
Or en version 3, le flashage du 1er QR-Code avec un smartphone ou une tablette déclenchait immédiatement la connexion à une adresse incomplète, et donc une erreur. Et en version 11, nous n'avions pas réussi à flasher.
Les mêmes problèmes sont apparus sur le stand en version 3 et nous n'avons donc pas de réponse à ce jour.
En version 11 des difficultés pour flasher sur le stand également, même si au final ça a marché. Le pixel étant beaucoup plus fin, le QR-Code nécessite un bon éclairage, éclairage paradoxalement limité par le fait que l'on doive beaucoup approcher le smartphone ou la tablette. Il n'est pas non plus possible d'utiliser le flash, l'écran de la calculatrice étant réfléchissant.
Sans doute que des tutoriels sur comment bien flasher les QR-Codes de sa fx-92 Spéciale Collège apparaîtront rapidement.
Nous arrivons enfin sur le stand de Texas Instruments, qui présente ses nouveaux modèles TI-82 Advanced et TI-83 Premium CE pour la rentrée 2015, et montre là encore le fonctionnement du mode examen.
Les TI-83 Premium CE sont apparemment des modèles de production équipés du Boot Code 5.0.0.0089 et mis à jour avec le dernier système 5.0.1.
Les TI-82 Advanced quant à elles sont toujours des prototypes K-DVT, munis de la même version 5.0.0.0014 que
notre échantillon testé en avril dernier.
L'on nous remet en partant un porte-documents contenant entre autres un stylo bille aux couleurs du T3 et une clé USB en forme de TI-83 Premium CE.
Bref un salon fort enrichissant, où nombre d'associations et d'industriels ont tenté de répondre à la problématique de l'enseignement du 'code' dès le primaire posée par notre Président, avec leurs solutions ouvertes ou propriétaires. Nous avons toutefois pu remarquer un regrettable manque de recul de la part de certains acteurs, une bonne partie de ces derniers semblant totalement ignorer que l'algorithmique était déjà enseignée au lycée depuis 2009, et évaluée au BAC depuis 2012. Partir des difficultés réelles des lycéens et de ce qui a déjà été fait ou tenté aurait sans doute été une bien meilleure base, car à priori je doute que l'ordinogramme fasse réellement des miracles auprès des plus jeunes, n'étant ni plus ni moins qu'un graphe, objet mathématique fort complexe actuellement enseigné au lycée auprès des Terminales ES spécialité Mathématiques.