Le mode examen des calculatrices graphiques désormais en application en France est un véritable scandale.
Avant tu pouvais améliorer gratuitement les capacités de n'importe quel modèle de calculatrice, même de milieu ou d'entrée de gamme, en lui rajoutant des programmes ou applications téléchargés chez nous ou ailleurs.
Nous n'allons pas retracer ici plusieurs décennies de création bénévole bien souvent avec code source ouvert et libre, mais on peut citer parmi les dernières pépites
KhiCAS pour
TI-Nspire,
NumWorks,
Casio Graph 35+E II et
Graph 90+E.
Maintenant seules les fonctionnalités du constructeur de la machine sont utilisables en examen et l'unique façon d'en avoir davantage si tu trouves qu'il te manque quelque chose est de payer, payer pour le modèle plus cher.
Une grave atteinte aux droits des utilisateurs et des développeurs, mais également à l'égalité des candidats devant l'examen.
Curieuse chose que de vouloir ainsi tout contrôler et interdire au pays de la liberté et de l'égalité, surtout lorsque la réglementation en question génère encore plus d'inégalités...
Dans l'État d'Australie-Méridionale
(SA - South Australia), l'institution scolaire s'est déjà penchée sur la question des données dans les calculatrices, et a montré que la réponse pouvait être autre chose qu'un mode examen punissant tout-le-monde.
La réglementation du certificat d'éducation de l'Australie du Sud
(SACE - South Australian Certificate of Education) qui est même suivie par d'autres états australiens ainsi que des écoles dans d'autres pays, n'autorise que
certains modèles de calculatrices graphiques, reproduits ci-contre depuis la session 2011.
Les calculatrices autorisées y sont choisies selon plusieurs critères, entre autres :
- pas de capacités de calcul formel (CAS - Computer Algebra System)
- pas de connecteur dédié à la connexion d'une mémoire externe (lecteur de carte SD)
Mais surtout, tu peux remarquer que les modèles
Casio autorisés aujourd'hui sont spécifiques à l'Australie.
La
fx-9860G AU sortie en 2006 est comparable au modèle international
fx-9860G de 2005
(Graph 85 en France).
Seule différence, sa mémoire de stockage en Flash n'a pas
1,5 Mio de capacité mais seulement
800 Kio.
En effet, la réglementation du
SACE autorise parfaitement l'utilisation de la mémoire de la calculatrice par les candidats. Mais afin de gommer les inégalités, elle fixe une capacité maximale.
La limite se situant visiblement à l'époque entre
800 Kio et
1,5 Mio,
Casio a donc sorti pour l'Australie la
fx-9860G AU avec ainsi une mémoire de stockage de capacité réduite.
Tous les candidats disposent de la sorte du même espace mémoire qu'il leur appartient de remplir comme bon leur semble. A eux de décider si il vaut mieux y mettre des programmes et applications rajoutant des fonctionnalités, ou bien des formulaires et documents PDF. Une façon très saine de les responsabiliser.
Cette limite a depuis été revue à la hausse pour passer à
5 Mio.
Casio en profite donc pour sortir en 2006 la
fx-9860G AU Plus, cette fois-ci offrant bien
1,5 Mio de capacité de mémoire de stockage comme le modèle international
fx-9860GII (Graph 75 en France).
En 2016,
Casio sort la
fx-CG20AU. Ici le modèle international
fx-CG20 offre
16 Mio de capacité de stockage. C'est donc ce point qui diffère sur la
fx-CG20 AU, avec seulement
4,5 Mio.
En 2018,
Casio sort la
fx-CG50AU. Même différence ici avec le modèle international
fx-CG50 (Graph 90+E en France), on passe de
16 Mio à
4,5 Mio d'espace de stockage.
Mais pourquoi
Casio s'est-il contenté d'offrir
4,5 Mio d'espace de stockage sur sa
fx-CG50 AU et non le maximum autorisé de
5 Mio ?
Nous avions déjà vu que les
Graph 90+E et
fx-CG50 utilisaient une puce
S99-50272 de chez
Spansion offrant une mémoire
Flash de
32 Mio.
Sur cette
Flash nous avions donc 2 partitions :
- une de 16 Mio pour l'espace de stockage
- et une de 16 Mio réservée au système d'exploitation ainsi qu'à son code amorce
Or, les images de mise à jour contenant le système d'exploitation et le code amorce envoyées à la calculatrice, ne font que
11,3 Mio une fois décompressées.
Et
11,3+4,5 = 15,8 Mio, soit un peu moins de
16 Mio, alors que
11,3+5 = 16,3 Mio.
Nous pensions donc que
Casio avait souhaité que l'ensemble puisse tenir dans une puce
Flash de
16 Mio de capacité, afin d'économiser un petit peu sur l'assemblage des
fx-CG50 AU.
MajesticFalcon35 a creusé la question avec sa
fx-CG50 AU.
Grosse surprise, un logiciel de partitionnement détecte
11,5 Mio d'espace inutilisé et autorise le redimensionnement l'espace de stockage de
4,5 Mio à
16 Mio de capacité.
En pratique tricher avec la réglementation australienne n'est bien évidemment pas aussi simple, la calculatrice signalant après l'opération une erreur de système de fichier et réinitialisant le tout aux capacités d'origine.
Mais le fait que l'opération soit détectée comme réalisable semble indiquer que la
fx-CG50AU utilise finalement une puce
Flash de
32 Mio, exactement comme les
fx-CG50 et
Graph 90+E.
Nous en aurons le coeur net, nous avons demandé à
MajesticFalcon35 d'ouvrir sa calculatrice. Et effectivement, on y trouve bien la même puce
Spansion S99-50272 de
32 Mio de capacité !
La
fx-CG50AU dispose finalement donc de
32 Mio de mémoire
Flash, et est donc matériellement parlant elle aussi parfaitement capable d'exploiter un espace de stockage de
16 Mio. C'est un autre verrou logiciel ou matériel qui bride artificiellement sa capacité à
4,5 Mio.