De nos jours, la calculatrice du lycéen peut être graphique, formelle ou couleur, et même les trois à la fois. A l'époque, l'on parlait plutôt sur ce même créneau de "calculatrice programmable".
Nos calculatrices actuelles dans les lycées sont les descendantes de ces calculatrices programmables, également connues alors sous le nom d' "ordinateur de poche". Et qui dit ordinateur dit aussi périphériques, mais également évolutivité.
Nombres de calculatrices programmables des années 70 et 80 pouvaient ainsi faire diverses tâches usuelles pour un ordinateur comme:
- utiliser une imprimante
- recevoir de la mémoire de travail supplémentaire (RAM)
- stoquer et/ou lire des données sur un support amovible
C'est un héritage qui a tendance à se perdre, la connectique de nos calculatrices graphiques étant de plus en plus limitée, mais on peut encore trouver quelques traces de cette paternité jusqu'à aujourd'hui.
Pas besoin de remonter bien loin puisque par exemple chez Casio la calculatrice de milieu de gamme Graph 95 de 2009 offre un support de stoquage amovible avec son lecteur de carte mémoire SD intégré, tout comme le faisait déjà son prédécesseur, la Graph 85 SD de 2005.
Toutefois, il faudrait apparemment désormais parler de cette possibilité au passé chez Casio, puisque les calculatrices haut de gamme Casio Prizm fx-CG10/20 et Casio Classpad II fx-CP400 sorties en 2010 et 2013 n'en sont plus dotées.
(notons que l'emplacement pour un tel lecteur est bien présent sur la carte mère de la fx-CP400, mais que hélas rien n'est soudé dessus)
Chez HP on trouve également un lecteur de cartes SD sur les calculatrices haut de gamme HP-50g de 2006 et même la HP-49g+ de 2003. Mais là aussi même tendance, puisque la calculatrice haut de gamme HP-Prime sortie depuis en 2013 n'en dispose plus.
Chez TI, il nous faut remonter en 1995 avec la TI-92 pour retrouver de l'évolutivité. Les puces mémoire RAM et ROM de cette calculatrice étaient regroupées dans un module enfichable accessible au dos de la calculatrice et que l'on pouvait donc remplacer:
- avec un module disposant en ROM d'une version plus récente du microprogramme de la TI-92, permettant ainsi la mise à jour de la calculatrice (contrairement aux puces FlashROM, les puces EPROM de l'époque n'étaient pas reprogrammables logiciellement)
- avec un module offrant plus de mémoire RAM (le module TI-92 E permettait de remplacer les 128Ko d'origine par 256Ko, transformant ainsi la calculatrice en la TI-92 II de 1996)
- avec un module disposant d'une puce FlashROM reprogrammable (le module TI-92 Plus permettait ainsi de transformer la calculatrice en la TI-92 Plus de 1999)
Mais revenons toutefois chez HP, en 1993, avec l'incontournable HP-48GX, successeure de la HP-48SX de 1990.
Cette fois-ci, nous retrouvons enfin une connectique importante qui en faisait un véritable petit ordinateur avec:
- possibilité d'utiliser un lecteur de disquettes
- possibilité de brancher une imprimante
- possibilité d'enficher des cartes mémoire au dos
Les cartes mémoire pouvaient être de deux types, RAM ou ROM.
Les cartes dites ROM étaient non reprogrammables et contenaient un logiciel ou programme que l'on avait donc acheté. Il fallait donc l'enficher au dos de la calculatrice pour pouvoir l'utiliser selon même principe que les cartouches des consoles de jeux des années 80/90.
Les cartes RAM contenaient, comme leur nom l'indique, une puce RAM. Aussi incluaient-elles également une pile pour la persistence des données lorsqu'elles étaient retirées de la calculatrice. Elles permettaient:
- d'étendre la mémoire RAM intégrée (d'origine 32Ko sur HP-48SX et 128Ko sur HP-48GX) jusqu'à 128Ko supplémentaires
- d'offrir une capacité de stockage de programmes jusqu'à 4Mo
Comme vous le voyez, les supports amovibles de stoquage des données calculatrices étaient les mêmes que sur les autres appareils électroniques de l'époque:
- carte mémoire SD pour les années 2000
- disquette ou module RAM/ROM enfichable pour les années 90
Si nous continuons de remonter le temps nous allons donc trouver d'autres supports de stoquage, comme par exemple la cassette.
Introduite par Philips en 1963 pour la lecture audio, elle fut utilisée comme support de stoquage de données informatiques sur les ordinateurs personnels des années 70/80.
Et par exemple Casio offrait une interface FA-80 pour ses calculatrices graphiques fx-8000G et fx-8500G de 1985, offrant l'impression et le stoquage de programmes sur cassette.
Malgré sa taille, cette interface à adjoindre à la calculatrice ne contenait ni imprimante ni lecteur enregistreur de cassette, mais rajoutait simplement la connectique pour effectuer les branchements sur une imprimante et un magnétophone.
Les magnétophones compatibles devaient par contre:
- disposer d'une voie d'entrée pour l'écriture (prise line-in ou micro)
- disposer d'une voie de sortie (prise pour écouteurs ou haut-parleur externe)
- mais aussi, chose rare de nos jours, d'une prise pour télécommande - en effet l'interface devait pouvoir contrôler le magnétophone afin de lui dire quand commencer à lire ou à écrire
Toutefois, le stoquage analogique de données informatiques numériques n'était par définition pas très fiable, et de plus sans possibilité de correction d'erreur. Aussi, il était conseillé d'utiliser des cassettes ayant une bande magnétique dédiée au stoquage de données.
Je viens justement de récupérer un petit lot de ces cassettes permettant entre autres de stoquer des programmes et en voici donc un exemplaire, la Philips CP15.
Comme son nom l'indique, c'est une cassette d'une durée de 15 minutes (7,5 minutes par face).
Une différence essentielle avec les cassettes audio usuelles était l'absence de la zone amorce, une courte zone neutre non magnétisée en début de bande qui ne pouvait donc être enregistrée.
Pour un enregistrement audio, cela n'avait en effet aucune importance - l'utilisateur perdait au pire une fraction de seconde, le temps pour le magnétophone de passer cette zone.
Mais pour un stoquage de données numériques c'était complètement différent - rater l'enregistrement du 1er octet d'un fichier car le magnétophone étant encore dans la zone amorce suffisait à rendre ce fichier totalement illisible et donc inutilisable.
La capacité de stoquage de la bande magnétique sans plomb de 22 mètres était variable selon la vitesse à laquelle les données étaient transmises:
- 12Ko en 300 bauds
- 24Ko en 600 bauds
- 48Ko en 1200 bauds
- 96Ko en 2400 bauds
Et j'ai même le plaisir dans le lot d'en avoir encore quelques-unes sous emballage scellé !
Faut-il encore maintenant que j'arrive à récupérer l'interface et un magnétophone compatible...
En une 30aine d'années, l'ordinateur de poche qui a évolué en calculatrice graphique, a donc perdu en évolutivité et connectivité de périphériques.
Un phénomène que l'on peut regretter mais que l'on peut facilement expliquer par le changement de public ciblé:
- public professionnel avec les ingénieurs et techniciens pour l'ordinateur de poche ou calculatrice programmable du siècle dernier
- public essentiellement scolaire de nos jours avec les lycéens et étudiants