Ce qui était n'importe quoi, car :
- Toutes les calculatrices graphiques sont des "matériels de stockage de données", même les TI-82 ou Casio Graph 35 peuvent stocker des quantités considérables de texte ou quelques pages de PDF.
- L'autorisation des calculatrices faite en page de garde des sujets concernés est prioritaire sur l'interdiction des matériels de stockage de données.
Tout comme l'autorisation des dictionnaires en latin/grec est prioritaire sur la consigne générale interdisant d'avoir ses livres ou BAC, ou l'autorisation des plans comptables en Spécialité STMG est prioritaire sur la consigne générale interdisant les documents.
Il semble en fait y avoir une part d'émotion derrière cette démarche des plus maladroites (et l'émotion est fort mauvaise conseillère), le candidat nous ayant expliqué que les enseignants de Physique-Chimie du lycée s'étaient plaints maintes fois pendant l'année à l'administration de lycéens qui recopiaient les corrections Labolycée mises dans leur calculatrice lors des DS ou BAC blancs.
D'une part nous ne voyons pas le lien avec l'épreuve de mardi, puisque à la différence le sujet sera complètement inédit et ne pourra être résolu par la simple recopie de corrections disponibles sur Internet avant le début de l'épreuve.
D'autre part pour l'année scolaire, il suffirait aux enseignants de Physique-Chimie de ce lycée de ne pas poser tels quels des sujets de BAC déjà diffusés et donc corrigés sur Internet. Quelques petites modifications discrètes ça et là donneraient une belle leçon de vie aux élèves qui recopient sans lire/réfléchir, le zéro nous semblant dans ce cas parfaitement justifié puisqu'il y aurait alors hors-sujet.
Mais évidemment, modifier un sujet de BAC et donc la correction qui en découle prend plus de temps que de juste réutiliser le travail déjà tout fait par l'association Labolycée...
Bref, le candidat qui nous a prévenus de cet incident a contacté dès jeudi le SIEC (Service Interacadémique des Examens et Concours). Il y a du y avoir des retours auprès du lycée concerné, car ce vendredi auraient été distribuées des consignes sensiblement différentes :
Epreuves de mathématiques et de physique-chimie
Nous vous rappelons que l'usage d'un matériel de stockage de données n'est pas autorisé pendant les épreuves du baccalauréat.
Afin de ne pas risquer d'être suspecté(e) de fraude, nous vous conseillons très fortement d'effacer vos documents (texte ou .pdf) de votre calculatrice. La lecture d'un aide-mémoire pendant l'examen est considérée comme frauduleuse.
La direction
Nous constatons en effet déjà la disparition de la scandaleuse mention faite des TI-Nspire jeudi, c'est déjà mieux.
Nous remarquons également une belle évolution sur la forme puisqu'il ne s'agit plus d'un impératif, mais d'un conseil - limitant ainsi les possibilités de recours par les candidats.
En effet, on ne demande plus aux candidats d'effacer la mémoire de leur calculatrice avant le début de l'épreuve, pratique qui est introduite et encadrée par un texte n'entrant pas en vigueur avant le 1er janvier 2018. On ne fait que le leur conseiller.
Il nous semble clair que le lycée a bien du être contacté et conseillé par le SIEC ou autre service Ministériel. Nous regrettons visiblement que ces échanges se soient apparemment focalisés uniquement sur la forme dans le seul but de fermer les possibilités de recours, plutôt que sur le fond.
Dans tous les cas, nous regrettons l'irresponsabilité de cette démarche dans le contexte d'un examen national. En effet il y a rupture de l'égalité entre candidats, puisque les candidats d'un certain lycée se voient stresser par des consignes parachutées à seulement 3 jours des épreuves écrites concernées, et très fortement incités à vider la mémoire de leur calculatrice contrairement à tous les autres candidats de Métropole qui seront donc possiblement mieux équipés lundi matin. Ce texte aurait été distribué à tous les candidats de Métropole que ce serait différent. Dans l'état actuel des choses, c'est scandaleux.
Quelques commentaires d'extraits:
- "Nous vous rappelons que l'usage d'un matériel de stockage de données n'est pas autorisé pendant les épreuves du baccalauréat."
Consigne qui ne concerne pas les épreuves où la page de garde du sujet autorise spécifiquement les calculatrices à mémoire, ce qui est le cas en Mathématiques et probablement en Physique-Chimie. Le lycée poursuit dans son interprétation erronnée de la hiérarchie des consignes. - "La lecture d'un aide-mémoire pendant l'examen est considérée comme frauduleuse."
Sur une feuille de papier ou un écran smartphone, effectivement. Sur un écran de calculatrice à une épreuve où ce matériel est autorisé, les textes ne disent rien. Il est donc malhonnête d'affirmer aussi clairement une telle chose.
Consultons d'ailleurs ci-contre le dossier de suspicion de fraude 2015 que nous nous sommes procurés. Comme vous pouvez le voir, il n'y a que 4 cas de figure :- anti-sèches, documents ou notes personnelles (joindre les pièces originales)
- téléphone portable, smartphone (à restituer au candidat à la fin de l'épreuve)
- autre : copie similaire à celle d'un candidat ayant composé dans la même salle d'examen...
- communication entre candidats
Le cas n°2 concerne donc la fraude électronique. Y sont spécifiquement mentionnés les téléphones portables et smartphones, pas les calculatrices. Ce matériel qui vous est confisqué doit de plus vous être restitué à la fin de l'épreuve.
Dans le contexte des calculatrices à mémoire nous n'allons donc pas dire que la consultation de documents est autorisée, mais l'interprétation négative qui en est faite par le lycée est une pure spéculation allant bien au-delà des écrits actuellement disponibles.
Le seul cas qui pourrait donc être en rapport serait le cas n°3 : on constate à la correction que deux candidats d'une même salle ont écrit plusieurs passages identiques au mot-près, possiblement parce qu'ils ont utilisé le même document PDF sur leur calculatrice. Mais le lien avec les consignes du lycée ne nous semble pas évident.
De telles consignes de la part d'un lycée ne peuvent relever que de trois chose :
- soit de la bienveillance en souhaitant éviter aux candidats le cas n°3 du dossier de suspicion de fraude, mais alors la consigne est très mal formulée/argumentée car nous ne voyons aucun lien direct
- soit d'une ignorance flagrante des textes en vigueur et de leur hiérarchie, ce qui est pourtant impensable pour des personnels de direction censés les connaître bien mieux que nous
- soit donc du combat idéologique, avec la volonté de créer un incident autour de la calculatrice graphique dès cette année, sans attendre le nouveau texte entrant en vigueur le 1er janvier 2018
Bref, il est impossible que des personnels de direction censés connaître les textes en vigueur mieux que tout-le-monde puissent sans arrière-pensée passer une telle consigne aux candidats, les confusions et raccourcis qui y sont faits semblant relever du discours orienté et non de la simple information.
Nous pensons pouvoir retenir uniquement les 1er et 3ème points.
Dans le cas où la démarche du lycée se veut bienveillante, nous conseillons donc aux candidats de ce lycée, et même d'ailleurs à tous les candidats, de ne jamais recopier tels quels des passages rédigés présents sur leur calculatrice. N'oubliez pas que d'autres candidats de la même salle disposent possiblement du même document PDF. N'hésitez donc surtout pas à vous servir de votre tête pour reformuler, résumer ou étoffer les passages que vous consultez.
Dans l'autre cas, c'est plus problématique. Il se pourrait alors que le lycée ait donné pour consigne à ses surveillants d'attraper lundi et mardi matin tous ceux qui consultent des informations sur leur calculatrice graphique, dans le but que les candidats ainsi attrapés de façon inégalitaire fassent un recours auprès du Tribunal Administratif ce qui créera ainsi une jurisprudence pour les épreuves futures.
Rappelons en effet que c'est déjà le cas pour les concours et examens organisés par le Ministère de l'Agriculture (BAC technologique STAV par exemple - le BAC général spécialité Biologie-Ecologie n'est pas concerné car organisé par le Ministère de l'Education Nationale). En effet un candidat à l'ancien BAC technologique STAE/STPA au siècle dernier a été attrapé par un surveillant zélé en train de consulter des documents sur sa calculatrice. Il a contesté la fraude en se basant sur la circulaire calculatrices alors en vigueur, mais le Tribunal Administratif de Rennes a confirmé en 1999 sa condamnation en allant chercher un article du Code Rural.
En conséquence cette décision ne fait pas jurisprudence pour l'Education Nationale puisque le Code Rural ne s'y applique pas. Mais hélas depuis il n'est plus possible d'avoir des documents dans sa calculatrice aux examens et concours de l'enseignement agricole. Au BAC STAV depuis, un rappel est donc systématiquement présent sur la première page des sujets de Sciences de la Matière (Physique-Chimie), mais pas de Mathématiques, épreuve sans doute moins concernée par la consultation de documents :
Matériel autorisé : Calculatrice
Rappel : Au cours de l’épreuve, la calculatrice est autorisée pour réaliser des opérations de calcul, ou bien élaborer une programmation, à partir des données fournies par le sujet.
Tout autre usage est interdit.
Etablir lundi et mardi des dossiers de suspicion de fraude et les voir remonter jusqu'au Tribunal Administratif qui sera sûrement capable si il le souhaite de chercher et trouver une ligne similaire dans le Code de l'Education pour justifier la sanction, est peut-être justement le but du lycée en question.
Dans le cas des candidats passant dans le lycée en question et qui se reconnaîtront, nous vous conseillons de n'avoir rien d'incriminant affiché à l'écran de votre calculatrice lorsque les surveillants passeront près de vous. N'hésitez pas à baisser le contraste de l'écran (ça économisera les piles de plus), et à utiliser des outils de dissimulation comme Hide Manager et nProtect sur TI-Nspire.
Ces derniers conseils ne sont bien sûr pas prodigués avec l'intention d'encourager une quelconque fraude, mais dans l'urgence, un week-end, en l'absence de réponse officielle sur le fond dans les temps, afin de limiter les effets désastreux de cette initiative irresponsable sur l'égalité entre candidats.
Lien : Dossier de suspicion de fraude 2015