La tablette vient préchargée avec nombre d'applications.
On y touve entre autres une application LexiBac déclinée pour les Premières et Terminales de série générale (S, ES et L).
Cette application présente dans toutes les matières (pas seulement les mathématiques) des résumés de cours, fiches de méthodologie et tests d'autoévaluation.
On y trouve également un navigateur Internet qui, avec le module WiFi intégré, sera un formidable outil de fraude aux examens et concours où la calculatrice graphique sera autorisée. Il suffira simplement de disposer d'un point d'accès 3G/4G. Ces derniers sont beaucoup plus discrets qu'un téléphone (pas d'écran, pas de sonnerie ou vibreur), de dimensions inférieures et parfois même pas plus grands qu'une carte mémoire SD. En prime, contrairement au téléphone dont il faut consulter l'écran, nul besoin de l'avoir sur soi - vous pouvez le laisser dans le sac au fond de la salle, ou encore mieux venir le dissimuler quelque part avant l'épreuve et comme ça même si on le trouve on ne pourra pas savoir qui l'utilise (les ondes se propageant dans toutes les directions) ni, dans l'instant, à qui il appartient. Les abonnements data 3G/4G de plus se sont très fortement démocratisés dernièrement en France.
Non mais soyons sérieux deux minutes... qu'est-ce que Lexibook avait dans la tête quand ils ont conçu ça et ont décidé de le faire placer à leurs distributeurs-complices (dont Auchan) au même rayon que les véritables calculatrices graphiques autorisées aux examens et concours ?...
Bien que la tablette-calculatrice fonctionne sous Android, ne pensez toutefois pas pouvoir l'étendre grâce au Google Play. Non par défaut, la calculatrice-tablette est bridée sur une connexion au magasin dédié de Lexibook, le Lexibook Market.
Enfin, découvrons l'application calculatrice, LexiCalc. Déjà, je suis fort embêté car je n'arrive pas à utiliser les fonctions secondaires de touches ici inscrites en jaune. Je ne vois en effet aucune touche Shift ou Seconde ce qui m'empêche notamment de saisir une racine carrée, et le manuel, semblant avoir été traduit en français à la machine à peu de frais et incluant fort peu d'illustrations, se montre tout aussi obscur en me parlant d'une "touche application racine carrée".
En fait, cette application calculatrice est bien plus complète qu'il n'y parait et dispose d'une dizaine de modes de fonctionnement qui modifieront l'aspect du clavier:
- Sci (mode scientifique pour le collège, par défaut)
- Basique (mode 4 opérations pour le primaire)
- Hex/Oct/bin (pour les programmeurs)
- Graphe
- Matrices
- Nombres complexes
- Formules rapides (base de données de formules de physique-chimie)
- Convertisseur rapide (pour les unités)
- Calculatrice temporelle (sur les dates)
- Tableau périodique
- Résoudre des équations
On peut toutefois lui reprocher un manque énorme d'intégration. LexiCalc semble être un vulgaire agrégat d'applications diverses n'ayant rien à voir entre elles, dont le tableau périodique des éléments. Pourquoi devoir changer de mode pour calculer avec des nombres complexes ? Il n'y a aucune logique derrière ceci.
Les sous-applications calculatrice sont extrêmement limitées comme vous pourrez l'observer ci-dessous:
- pas de calcul formel
- la saisie en écriture naturelle est extrêmement limitée, tout juste les applications gèrent-elles un seul niveau d'exposant
- en conséquence, il faut utiliser nombre de parenthèses pour la saisie, les applications auront quand même la gentillesse de compenser en faisant correspondre les parenthèses ouvrantes et fermantes avec une série de couleurs
- il n'y a pas de moteur de calcul exact, tous les résultats sont donnés en écriture décimale
- la mode matriciel ne gère que... deux matrices !
- le solveur d'équations semble ne gérer que des équations linéaires
- ...
Non décidément, pour ce qui est calcul numérique même une TI-Collège Plus ou Casio College 2D+ à 13€ fait mieux, un comble !
Le calcul matriciel est une véritable blague avec seulement deux matrices... Prenez une véritable calculatrice graphique, même d'entrée de gamme comme la TI-82 Plus ou la Casio Graph 25+ Pro et vous aurez bien mieux.
C'est du niveau d'une partie des applications gratuites que l'on trouve déjà pour tablettes tactiles et téléphones, décidément Lexibook ne s'est pas donné beaucoup de mal.
Au final, LexiCalc semblerait être une application intéressante pour les sciences avec la banque de formules, le convertisseur d'unités, et le tableau périodique des éléments.
Mais cela ne concerne pas les Terminales ES/L pourtant ciblées par le produit, et au lycée, qui dit enseignement scientifique dit aussi Mathématiques, que ce soit en série S ou technologique, et comme nous venons de le voir LexiCalc est extrêmement limité dans ce contexte. Autant se ramener avec sa calculatrice du collège...
Enfin, si on pouvait reprocher à la HP-Prime de ne pas gérer les suites récurrentes commençant au rang 0, ici c'est encore pire, les suites numériques ne sont même pas gérées du tout, alors que c'est un thème très important du programme commun à toutes les séries dès la Première générale ou technologique.
Une véritable aberration commerciale, un produit qui aurait pu être intéressant mais sur lequel il semble n'y avoir eu une prise en compte que fort superficielle du contexte du pays de commercialisation, et aucune réflexion sérieuse autre que "on prend une tablette, on met des applis gratuites de maths/sciences/pompes dedans - et on a inventé la calculatrice du futur".
Terminons toutefois ce test en découvrant l'aspect matériel.
Nous trouvons sous la coque un buzzer mono, ainsi qu'une antenne WiFi.
L'écran est rattaché à la carte mère via deux nappes, sans doute une pour l'affichage et une autre pour le tactile.
La carte mère est une MFC143_V3 alimentée par une batterie de 3.7V et 1200mAh comme les TI-Nspire CX.
Mais mauvaise surprise, la batterie est littéralement soudée à la carte mère, et n'est donc pas remplaçable par l'utilisateur lambda. C'est fort regrettable, car n'oublions pas que les batteries ça vieillit...
Bon visiblement, rien de bien intéressant de ce côté-ci de la carte mère. Les puces importantes sont probablement de l'autre côté, alors mettons le tout en pièces.
Ô la mauvaise surprise... Toute la partie intéressante du circuit est dissimulée par une plaque métallique qui, comme la batterie, est là encore littéralement soudée à la carte mère - je n'ai jamais vu ça sur une calculatrice !
Je m'en moque, maintenant il faut en finir, je n'ai pas fait tout ça pour rien, je sors le fer à souder et j'attaque. Si on croyait qu'une plaque métallique soudée allait m'arrêter...
Et voilà, la tablette-calculatrice Lexibook Pocket Graph nous révèle enfin tous ses secrets. Elle utilise:
- un ASIC RockChip RK2926 incluant un processeur ARM Cortex-A9 simple coeur pouvant être cadencé jusqu'à 1 GHz
- une mémoire Flash-ROM NAND 'H27UBG8T2CTR' de 4Go de chez SK hynix
- une mémoire SDRAM DDR3 'H5TQ4G63AFR' de 512Mo de chez SK hynix
Un matériel certes prometteur, mais qui à ce jour est très largement sous-exploité dans le contexte mathématique, se faisant dépasser par des calculatrices de 13€ avec un pauvre processeur 4-bits, à moins de peut-être acheter des applications plus évoluées sur le Lexibook Market et encore si elles existent.