Mode examen 2018 : consignes diodes allumées avant épreuve

[critor]

Dans l'esprit, le mode examen mis en place cette année 2018 visait à offrir un moyen de vérification à distance compréhensible par les surveillants sans aucun besoin de formation. Un simple coup d’œil depuis le bureau sans se déplacer suffit à voir si les diodes des calculatrices clignotent ou pas, et donc si les candidats fraudent ou pas.

Mais ça, c'est l'argument commercial sur le prospectus publicitaire qui a convaincu nos décideurs. Outre l'injustice de cette réforme, nous avons régulièrement mis en garde depuis 2015 : en pratique ce n'est absolument pas réalisable de façon fiable avec des machines personnelles, du moins pas sans des vérifications individuelles complémentaires plus ou moins complexes et diverses selon les modèles. La concertation dans le cadre de la conception des textes en question a été clairement défaillante, soit en quantité soit en qualité.

Officiellement, les candidats aux examens 2018 sont censés activer le mode examen sur ordre du surveillant au démarrage de l'épreuve. Plusieurs candidats vont peut-être arriver avec un mode examen déjà activé, et donc une diode qui clignote déjà. En effet il y a :

• D'une part les candidats qui ont plusieurs épreuves avec calculatrice :
  
  • il est très difficile de désactiver le mode examen des Casio Graph 25+E entre les épreuves
  • il est en pratique impossible de désactiver le mode examen des Lexibook GC3000FR entre les épreuves
• D'autre part les fraudeurs. Le clignotement de la diode ne veut pas dire que la mémoire est vide, mais qu'elle a été vidée il y a un certain temps. Une méthode de fraude est en effet d'activer le mode examen chez soi bien avant l'épreuve concernée, puis de remplir la mémoire avec tout ce que l'on veut.

Les consignes de surveillance des épreuves 2018 sont en cours de rédaction. L'Institution semble enfin avoir compris qu'elle ne pourrait pas s'affranchir de vérifications individuelles avant le démarrage des épreuves. Le texte en question traite en effet du cas des candidats arrivant avec une calculatrice dont la diode clignote déjà, et qui donc ont potentiellement déjà des informations en mémoire. Il est prévu dans ce cas que le surveillant intervienne individuellement auprès de chaque candidat concerné, et refasse la procédure d'activation du mode examen. Cette relance du mode examen ne produira aucun changement sur la diode qui continuera à clignoter après comme avant, mais elle videra à nouveau la mémoire de son contenu.

On se demande toutefois ce que ça va donner en pratique, et à quelle heure va démarrer l'épreuve si par exemple 10 candidats se ramènent dans la salle à 7h55 avec une calculatrice qui clignote déjà.

Cette revalidation du mode examen est possible sur les modèles suivants, pour lesquels le texte détaille pas à pas les manipulations nécessaires :

• TI-82 Advanced
• TI-83 Premium CE
• TI-84 Plus CE/T
• TI-Nspire
• Casio Graph 25/35/75/90+E
• Casio fx-CP400+E

Sur les autres modèles conformes il est hélas impossible de relancer le mode examen, du moins pas sans l'avoir au préalable désactivé, et conformément à l'esprit des textes la désactivation peut être très contraignante :

• HP Prime
• NumWorks
• Lexibook GC3000FR

Ce n'est absolument pas la faute des constructeurs : cette possibilité de redémarrer le mode examen ne figurait pas au cahier des charges du mode examen datant de 2014 et dont nous avons copie.

Que faire dans ces cas-là ? Dans le cas de la NumWorks par exemple, les consignes de surveillance suggèrent d'utiliser le bouton reset au dos de la machine, ce qui aura en effet pour conséquence un vidage de la mémoire.



Mais c'était bien la peine d'embêter tout-le-monde en obligeant les familles à renouveler à leurs frais l'intégralité du parc de calculatrices graphiques français, pour au final finir par se rendre compte de l'évidence que nous dénoncions dès la sortie en 2015, à savoir que ça ne tient pas debout et qu'en pratique la diode ne garantit rien, et en revenir à la bonne vieille méthode du reset supervisé individuellement par le surveillant.

Il eut été beaucoup plus simple et économique de sortir un texte exigeant un simple reset en début d'épreuve : ça existait déjà sur tous les modèles en 2015 et ça prend 1 à 6 touches maximum - pas si compliqué que ça en regard de toutes les vérifications que nécessite le mode examen.

Source : viewtopic.php?f=62&t=20903#p225639

[cpierquet]

Grande question que ces éventuels candidats déjà en mode examen...
Ce qui me rassure est que dans presque tous les cas de calculatrices "classiques" (la Prime et la Numworks ne devraient être très représentées...) il suffit de mettre ou remettre la calculatrice en mode examen ; du coup on va tester au bac blanc mais on risque de faire la mise en mode examen en même temps que la vérification des cartes d'identité...

[critor]

Et oui, il faut faire les choses dans le bon ordre pour ne pas perdre le compte. Problème de logistique fort complexe.

On peut avancer :

1. phase individuelle avant le début de l'épreuve avec pour chaque candidat :
   
   • vérification des convocations et pièces d'identité
   • vérification du bon fonctionnement de la calculatrice (écran qui s'allume) avec une diode qui ne clignote pas (regarder pendant 1 à 2 secondes)
   • pour les candidats dont la calculatrice ne s'allume pas, vérifier l'alimentation (pile ou batterie mise à l'envers, insertion d'un isolant...) et revérifier après correction du problème, sinon refuser la machine
   • pour les seuls candidats dont la diode clignote déjà, selon le modèle reset immédiat ou revalidation immédiate du mode examen (c'est-à-dire vidage de la mémoire dans les deux cas) avec contrôle du succès de la manipulation sur l'écran (il faudra donc pour les surveillants les moins au fait, se promener avec le détail de la manipulation pour chaque modèle)
2. phase collective au démarrage de l'épreuve :
   
   • ordonner l'activation du mode examen
   • distribuer les sujets face retournée
   • ordonner le début de l'épreuve

Reste la question des retardataires arrivant entre 7h55 et 8h, soit vraisemblablement pendant ou après la phase individuelle. Il me semble très facile de perdre le compte, et donc de laisser passer quelques mémoires non vides.

Ou pire des retardataires arrivant entre 8h et 9h. Peut-être certains surveillants seront-ils à tort contents de voir qu'ils arrivent avec une diode qui clignote déjà, non choqués de la voir clignoter au milieu des autres, ou gobant leur discours du "désolé, et j'en ai profité pour vous faire gagner un peu de temps" ou du "je viens juste de l'activer devant M. Machin/Truc".

Dans tous les cas, avec ce mélange hybride de vérifications collectives et individuelles non indépendantes et contraintes dans le temps, je reste sur mon impression d'une véritable usine à gaz. Peut-être ne paraîtront-elles pas ou peu dans la presse car les candidats concernés ne se feront pas attraper, mais cette réforme bâclée me semble ouvrir bien plus de possibilités de fraudes qu'elle n'en referme.

Un système 100% individuel, à savoir reset ou activation du mode examen par le surveillant pour tout candidat arrivant dans la salle peu importe l'heure (cette dernière procédure étant celle mise en place pour l'Agrégation de SES 2018) n'aurait certes pas été plus juste, mais aurait eu l'avantage d'être bien plus fiable et beaucoup plus facile à mettre en place.

[cpierquet]

Pour la phase de vérification des diodes, vu que pour la très grande majorité des calculatrices on peut réactiver le mode examen, on va faire cette étape d'activation ou réactivation en même temps que les cartes d'identité. Je ne pense pas que le petit laps de temps (quelques minutes) permette de restocker des infos.
À voir début février pour notre bac blanc et à voir avec la notice officielle !

[critor]

Puisque l'on parle de restocker des infos.
Dans tous les cas, si il doit y avoir vérification de la mémoire (pour être sûr d'avoir bien réussi la procédure de reset/réactivation en cas de diode déjà clignotante par exemple, surtout si le surveillant n'est pas habitué à la machine), il est essentiel de le faire avant le début de l'épreuve.

Car une fois l'épreuve démarrée, il n'est plus exclu de trouver des formules en mémoire. On peut en effet imaginer un candidat se prenant 2 minutes pour se taper un mini-aide-mémoire pendant qu'il a encore en tête les quelques formules qu'il récitait encore dans sa tête dans le couloir, ce qui n'est absolument pas interdit.

Après il faut savoir faire la part des choses : si on trouve à 11h en mémoire un document avec plein d'illustrations, il est clair qu'il n'a sûrement pas été saisi à la main depuis 8h. Le candidat a donc réussi à contourner le mode examen d'une façon ou d'une autre (ce ne sont pas les failles qui manquent).

[critor]

TI vient tout juste de publier une page dédiée au mode examen, avec pour les 82/83 et Nspire l'activation, la désactivation, ainsi qu'une série de questions-réponses :
https://education.ti.com/fr/resources/mode-examen

Et justement, parmi les questions il y en a une sur le thème de cet article :

Comment faire si l’élève se présente avec une calculatrice déjà en mode examen le jour de l’épreuve ?
Même si la calculatrice est déjà en mode examen, il est possible de répéter de nouveau la manipulation pour mettre la calculatrice en mode examen. Les programmes seront alors de nouveau bloqués (ou effacés selon le modèle et l’OS).

Les choses semblent donc s'accélérer, je me demande si la publication des dates du BAC 2018 ne serait pas pour ce jeudi au BO.

Surtout qu'habituellement ces dates étaient publiées en décembre. Retard significatif cette année donc, peut-être parce que les consignes relatives au mode examen font partie de la publication et nécessitent donc un certain temps de préparation.

[UnCurieux]

Et là, on parle d'examens important, surveillés et organisés avec des lois etc, mais pour tous les contrôles classiques qui ont lieu en cours, surveillés par le prof ou des surveillants, je ne sais pas si ce n'est que dans mon lycée, mais ils n'ont pas la moitié des connaissances indispensables pour éviter la fraude avec le mode examen.

J'ai déjà fait le coup de rentrer plein de programmes en mode examen, d'arriver en contrôle avec la diode allumée, mais le surveillant n'a rien vu, tout le monde aurait pu faire pareil. La vérification ne s'est faite que 5mn après.

Et une fois, il est même arrivé qu'à un contrôle de maths le surveillant demande juste à la cantonade "Vous êtes tous en mode examen ? Bon vous pouvez commencer."

Après il faut savoir faire la part des choses : si on trouve à 11h en mémoire un document avec plein d'illustrations, il est clair qu'il n'a sûrement pas été saisi à la main depuis 8h. Le candidat a donc réussi à contourner le mode examen d'une façon ou d'une autre (ce ne sont pas les failles qui manquent).

Et dans ce cas de figure, est-ce que le surveillant peut réellement faire quelque chose ? Car il n'y a pas de preuve de la fraude. Et là je parle d'un examen, car c'est sûr qu si cela arrive en classe, le problème est vite plié, le prof ne se gêne pas x)

[critor]

Et là, on parle d'examens important, surveillés et organisés avec des lois etc, mais pour tous les contrôles classiques qui ont lieu en cours, surveillés par le prof ou des surveillants, je ne sais pas si ce n'est que dans mon lycée, mais ils n'ont pas la moitié des connaissances indispensables pour éviter la fraude avec le mode examen.

Pour ça que personnellement je n'exige pas le mode examen pour mes propres DS de 1 à 2h.
Je n'ai pas les moyens temporels de vérifier correctement et équitablement, ou sinon le temps de composition sera nettement amputé.

Il vaut parfois mieux ne pas faire que de mal faire.
J'estime que tout ce que cela permettrait, c'est d'entraîner les élèves à trouver des méthodes de contournement du mode examen ou de sa surveillance.

Mais ils ne sont pas moins bien formés pour autant : ils ont droit à un polycopié expliquant l'activation, ainsi qu'à des démos de temps en temps.

J'ai déjà fait le coup de rentrer plein de programmes en mode examen, d'arriver en contrôle avec la diode allumée, mais le surveillant n'a rien vu, tout le monde aurait pu faire pareil. La vérification ne s'est faite que 5mn après.

Et une fois, il est même arrivé qu'à un contrôle de maths le surveillant demande juste à la cantonade "Vous êtes tous en mode examen ? Bon vous pouvez commencer."

Cela ne m'étonne pas du tout.
Et même au BAC noir 2018, je ne serai pas surpris du tout de lire que ça s'est passé comme ça dans certaines salles.

Après il faut savoir faire la part des choses : si on trouve à 11h en mémoire un document avec plein d'illustrations, il est clair qu'il n'a sûrement pas été saisi à la main depuis 8h. Le candidat a donc réussi à contourner le mode examen d'une façon ou d'une autre (ce ne sont pas les failles qui manquent).

Et dans ce cas de figure, est-ce que le surveillant peut réellement faire quelque chose ? Car il n'y a pas de preuve de la fraude. Et là je parle d'un examen, car c'est sûr qu si cela arrive en classe, le problème est vite plié, le prof ne se gêne pas x)

En ce qui me concerne pour 2018, la constatation en cours d'épreuve d'informations en mémoire ne provenant pas du constructeur, et dont la qualité ou le volume font qu'il était physiquement impossible de les saisir à la main pendant le temps écoulé depuis le début de l'épreuve, est bien une preuve de fraude.