Niveau calculatrices scientifiques en France,
Texas Instruments ne nous offre que la
TI-Collège Plus Solaire avec son écran en
96×31 pixels. Cette machine sortie pour la rentrée 2013 appartient à la génération
TI-MultiView et réutilise en fait à l'identique les matériel et logiciel de la
TI-Collège Plus de rentrée 2008, lui rajoutant juste une cellule solaire.
Une machine très en retard donc par rapport aux
Casio EX Classwiz de rentrée 2015
(fx-92 Spéciale Collège) avec leur écran en
192×63 pixels, renouvelées de plus avec les
CW Classwiz pour la rentrée 2023
(fx-92 Collège Classwiz) à l'écran passant en 4 niveaux de gris.
C'est moins connu dans l'hexagone mais il y avait bien eu une nouvelle génération
TI-MathPrint passant à un écran
192×63 pixels. Elle comprenait pour nos voisins germanophones dès la rentrée 2018, soit à l'époque avec juste trois ans de retard sur
Casio, les
TI-30X Plus MathPrint et
TI-30X Pro MathPrint. Elles furent rejointes pour la rentrée 2023 par la
TI-30X Prio MathPrint dont nous t'avons publié
un test.
Si les efforts consentis sur le matériel étaient louables, hélas l'investissement dans le logiciel fut minimal. Nous avons testé et
comparé en détails les modèles haut de gamme d'ancienne génération
(TI-30X Pro MultiView ou TI-36X Pro) et nouvelle génération
(TI-30X Pro MathPrint) et n'avions trouvé quasiment aucune amélioration
(2 formes de régression supplémentaires, et dimension maximale des listes étendue de 42 à 50). Aucune valeur ajoutée ou même reprise des innovations
EX Classwiz logicielles de rentrée 2015
(pas de possibilité d'étudier simultanément 2 fonctions, de remplir des feuilles de calcul ou piloter des tracés à la tortue...) et en conséquence une inadéquation aux dernières évolutions de programme du Collège français. Suite à ce choix regrettable, les collégiens et collégiennes de nos jours ne connaissent quasiment plus que
Casio.
Cela fait des années que nous réclamons en vain une évolution logicielle à la hauteur du matériel, dans le cadre d'un futur modèle qui pourrait s'appeler par exemple
TI-Collège Premium.
À une époque où la réforme du lycée, de l'orientation et du Baccalauréat fait que l'équipement en calculatrices des lycéens et lycéennes est de plus en plus souvent déterminé par ce qu'ils avaient au Collège, il serait peut-être grand temps de se remettre à miser sur le Collège, comme
Casio qui semble
amplifier ses efforts pour la rentrée 2024 et
NumWorks qui pour sa part semble vouloir
s'y mettre même si nous n'avons pas de date arrêtée à ce jour. Se faire connaître dès le Collège avec un bon produit, serait le moyen donner envie aux futurs lycéens et lycéennes de renouveler leur équipement chez la même marque.
Mais ce n'est pas le sujet aujourd'hui.
Aujourd'hui nous allons plutôt nous attaquer à l'un des plus grands mystères de la dernière génération
TI-MathPrint, le processeur.
La génération précédente
TI-MultiView avec les
TI-Collège Plus exploitait un processeur 4 bits
Toshiba T4x.
Mais les
TI-MathPrint utilisaient clairement autre chose. En témoignait notre test de la signature trigonométrique. Il s'agit d'effectuer en mode degrés le calcul suivant :
$mathjax$Arcsin\left(Arccos\left(Arctan\left(tan\left(cos\left(sin\left(9\right)\right)\right)\right)\right)\right)$mathjax$
Le résultat théorique est de 9, mais en pratique les moteurs de calcul en virgule flottante de nos calculatrices répondent une valeur approchante. En regroupant alors les calculatrices par résultat, l'on peut identifier celles utilisant le même cœur de calcul et donc des processeurs similaires.
Là où les
TI-MultiView sortaient
9.000001077372, les
TI-MathPrint répondaient
8.999999860032.
Processeur différent donc, mais hélas le blob d'epoxy sur la carte masquait toute référence intéressante.
Et bien grande découverte, la puce microcontrôleur utilisé par les
TI-MathPrint est en fait le
ML620Q418A de chez
Lapis, référence présente en clair dans les scripts de l'émulateur officiel
TI-SmartView MathPrint.
Les spécifications sont
publiques. Ce microcontrôleur interconnecte :
- 16 Kio de mémoire SRAM
- 260 Kio de mémoire Flash (découverte inattendue en passant), scindés en 256 Kio dédiés au code et 4 Kio de données
- et celui que nous attendions tant, un processeur 16 bits RISC, le nX-U16/100
Remarquons que le processeur des
TI-MathPrint est la version 16 bits du
nX-U8/100 équipant les scientifiques
Casio depuis la génération
ES de rentrée 2004
(fx-92 Collège 2D en France).
Sur le cadençage du processeur, les spécifications énumèrent 2 configurations opposées :
- un mode basse vitesse à 32,768 KHz
- un mode haute vitesse à 16 MHz
Nous avions déjà effectué un test de performances, basé sur le temps de calcul en mode degrés d'une somme développée par
pier4r sur HP Museum :
$mathjax$\sum\limits_{x=1}^{1000}{\sqrt[3]{e^{sin\left(Arctan\left(x\right)\right)}}}$mathjax$
Quelques mesures :
- 60.3s : Casio EX Classwiz (2023) (fx-92 Collège en France) avec processeur nX-U8/100 @5MHz 8-bits
- 106s : TI-MathPrint (2018) avec processeur nX-U16/100 16-bits
- 109s : Casio EX Classwiz (2015) (fx-92 Spéciale Collège en France) avec processeur nX-U8/100 @2,5MHz 8-bits
- 265s : TI-MultiView (2007) (TI-Collège Plus en France) avec processeur T4x 4-bits
- 522s : Casio ES Plus (2009) (fx-92 Collège 2D+ en France) avec processeur nX-U8/100 @0,5MHz 8-bits
On trouve donc pour la génération
TI-MathPrint de 2018, des performances extrêmement similaires à celles des
Casio EX Classwiz de rentrée 2015, confortant l'hypothèse d'une évolution matérielle réalisée en réponse à ces dernières
(avec une omission regrettable de réponse logicielle comme déjà évoqué).
Mais ces dernières utilisant un processeur cadencé à
2,5 MHz, les deux configurations énumérées par
Lapis nous semblent bien extrêmes pour de telles performances. À moins que
Texas Instruments ait pu utiliser une configuration intermédiaire...